« Il faut à la France un soutien massif aux investissements productifs d'avenir »

Cette annonce d\'une entrée en récession de la France au troisième trimestre par la Banque de France vous surprend-elle ? En réalité, cela fait un an que la croissance française est nulle ou quasi-nulle. Que l\'on soit en « récession technique », c\'est-à-dire avec deux trimestres consécutifs de recul du PIB, ne change rien à la situation. La France a perdu 8 points de PIB du fait de la crise financière. La consommation des ménages ne devrait pas progresser cette année et la France manque de dynamisme industriel ; l\'économie française est, à l\'horizon des prévisions, actuellement incapable de créer de la croissance et de rattraper son niveau de production potentielle.Comment sortir de cette situation de blocage ? Il y a plusieurs réponses possibles. D\'abord, il convient de ne pas s\'engager dans une politique budgétaire récessive comme celle qui est menée actuellement par les pays du sud de l\'Europe. Ceci signifie abandonner l\'objectif, irréaliste, de revenir l\'an prochain aux 3 % du PIB de déficit public qui oblige à trouver 40 milliards d\'euros d\'économies qui auront encore un effet négatif sur la conjoncture. Sinon, on risquerait de se retrouver dans une spirale où, du fait de la récession, ce ne sera plus 40, mais 60 puis 80 milliards d\'euros qu\'il faudra trouver. Avec une récession qui ne cesse de s\'amplifier. C\'est ce que connaissent actuellement l\'Espagne et l\'Italie. Il faut, du reste, renoncer au niveau européen à cette politique, car les politiques restrctives menées en Italie et en Espagne pèsent aussi sur les exportations françaises.La baisse de l\'euro pourrait jouer un rôle positif également, mais le point le plus décisif serait un soutien à l\'investissement productif afin de retrouver du dynamisme industriel qui, actuellement, compte tenu du faible profit des entreprises, de l\'absence de perspectives de croissance et de l\'incertitude induit par la crise de l\'Euro, est au plus bas. L\'Etat doit donc soutenir massivement l\'investissement dans les industries d\'avenir, celles de la transition écologique et de l\'innovation. Ce pourrait être, par exemple, un plan automobile où l\'Etat prendrait en charge une grande partie des investissements de recherche dans la voiture électrique. Ce sont des dépenses que l\'on peut se permettre compte tenu du faible niveau du taux d\'endettement de l\'Etat français.Ceci supposerait également de renoncer à l\'objectif de 3 % du PIB pour le déficit public en 2013. Le gouvernement osera-t-il franchir ce pas ? Le gouvernement français est contraint par la pression des marchés et de l\'Europe à mener une politique sans issue de restriction budgétaire en période de récession. Pour le moment, il a très habilement fait porter l\'effort sur les ménages les plus aisés et les grandes entreprises. Il va tenter également d\'inciter le système financier à soutenir les PME et les ETI, en particulier par la création de la Banque Publique d\'Investissement. Le risque est que cela ne suffise pas pour impulser la croissance en 2013 et que pour parvenir à un déficit de 3 % du PIB en 2013, le gouvernement prenne des mesures qui réduiraient encore le pouvoir d\'achat des ménages et qui porteraient un nouveau coup aux perspectives de croissance.Mais si le gouvernement renonce à cet objectif, ne risque-t-il pas de subir les attaques des marchés ? La politique économique est l\'art de prendre des risques. Le dilemme est le suivant : soit la France accepte la stratégie dictée par l\'Europe et les marchés et s\'enfonce dans la récession, soit elle porte une stratégie de rupture pour faire changer la stratégie européenne et le point de vue des marchés. Les marchés, du reste, savent que la France est capable, s\'il le faut, d\'augmenter ses recettes fiscales, ils font jusqu\'à présent plutôt confiance à la France. Le gouvernement pourrait s\'appuyer sur cette confiance pour expliquer que ces investissements ne sont pas des dépenses inutiles, mais participent d\'une politique porteuse d\'avenir. 
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