Même les jeunes (futurs retraités) défileront dans la rue le 10 septembre

Le fait est assez rare lorsqu\'une majorité de gauche dirige le pays : plusieurs associations de la jeunesse appellent à descendre dans la rue. En l\'espèce, il s\'agit de la réforme des retraites et, surtout, la décision de porter à 43 ans, à l\'horizon 2035, la durée nécessaire de cotisation pour prendre sa retraite.Aussi, mardi 10 septembre, un collectif, baptisé « la retraite : une affaire de jeunes », appelle à rejoindre dans la rue les syndicats CGT, FO et Solidaires opposés à la réforme. Dans ce collectif, on retrouve l\'Unef, le principal syndicat étudiants, ainsi que les lycéens de l\'UNL, mais aussi les Jeunesses communistes, les Jeunes écologistes et la Jeunesse ouvrière chrétienne (Joc). En revanche, bien qu\'opposé à l\'allongement de la durée de cotisation, le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) n\'a pas rejoint ce collectif et n\'appelle pas officiellement à manifester le 10 septembre… Ce qui aurait été une véritable claque infligée au grand frère, le Parti socialiste, et au gouvernement. Cependant, un porte-parole du MJS a expliqué à La Tribune que : « si nos militants, à titre personnel, notamment s\'ils sont syndiqués, veulent participer à la journée du 10 septembre, on ne peut pas les en empêcher. Mais officiellement nous n\'appelons à rien ».>> Lire aussi : Les syndicats majoritairement opposés à la nouvelle réforme des retraitesL\'Unef dans la rue, le gouvernement ennuyéAu gouvernement, on est un peu ennuyé de voir l\'Unef, dont sont issus de nombreux responsables socialistes, descendre ainsi dans la rue. « On tente de leur expliquer la réforme et que les jeunes ne seront pas pénalisés. C\'est plutôt si l\'on avait rien fait que les jeunes pourraient craindre pour leurs retraites. Là on les assure », explique ce très proche du gouvernement qui ajoute : « il y a aussi une dimension politique. L\'Unef est proche de la gauche du PS qui n\'est pas d\'accord avec plusieurs points de la réforme Nous, nous continuons d\'estimer que notre projet est juste, équilibré et structurel. D\'ailleurs il est critiqué autant sur notre droite que sur notre gauche ».Pomme de discorde : l\'allongement de la durée de cotisationQue reproche l\'Unef au projet : « l\'Allongement de la durée de cotisation signifie pour les jeunes d\'être au chômage aujourd\'hui et de toucher une retraite incomplète demain. Comme l\'âge moyen du premier emploi stable est de 27 ans, l\'allongement de la durée de cotisation va obliger les jeunes à travailler jusqu\'à 67 ans, l\'âge du taux plein », explique Emmanuel Zemmour, le président de l\'Unef. De fait, si l\'âge moyen de fin des études reste a peu près constant à 21 ans , la durée moyenne de cotisation à l\'âge de 30 ans a diminué sur 20 années de dix trimestres. En cause : la précarité grandissante, l\'accumulation des stages et des CDD de courte durée. Etant entendu que les jeunes qui ont la chances de faire des études longues sont aussi particulièrement touchés par l\'allongement de la durée de cotisation, qu\'il s\'agisse du projet Ayrault ou des réformes précédentes. Certes, la réforme Ayrault prévoit de valider les trimestres d\'apprentissage et donne la possibilité de racheter jusqu\'à 12 trimestres d\'études, dont quatre bénéficieront d\'une aide de 1.000 euros. La CFDT se bat également pour qu\'un amendement au texte prévoit une validation des périodes de stage. Enfin, il faudra à l\'avenir avoir cotisé 150 heures au Smic au lieu de 200 actuellement pour valider un trimestre. Ce qui sera favorable aux salariés à temps partiel et aux CDD qui concernent souvent les jeunes.>> Lire aussi : Les 12 mesures phares du projet de réforme des retraitesL\'Unef veut la prise en compte de la durée des étudesRien n\'y fait. L\'Unef demande que la duré des études soit prise en compte dans le calcul de la durée de cotisation. La CFDT, qui soutient en partie la réforme gouvernementale, est contre cette idée, jugeant qu\'il serait « antiredistributif » de favoriser les étudiants chanceux et donc les plus diplômés au détriment des jeunes les moins qualifiés qui ont fini plus tôt leurs études et qui sont déjà les premières victimes de la précarité.Ceci dit, alors que la rentrée universitaire n\'a pas vraiment commencé, le gouvernement peut se rassurer en estimant que, mardi, les jeunes dans la rue ne seront pas très nombreux. Il n\'en reste pas moins que c\'est l\'une des premières fois que des organisations de jeunesse cherchent à mobiliser sur un thème qui, jusqu\'ici, n\'était pas la première préoccupation des jeunes, davantage obnubilés par des sujets plus immédiats comme trouver un travail et un logement. Signe des temps. 
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