Le quinquennat de François Hollande entre dans une période décisive

« Jusqu\'ici tout va bien ». C\'est a peu près ce que doit penser le gouvernement en cette rentrée sociale où les difficultés sont nombreuses. De fait, comme traditionnellement à ce moment de l\'année, l\'équipe au pouvoir doit décider des derniers arbitrages budgétaires avant la présentation de la loi de finances le 25 septembre… Avec quelques décisions désagréables pour les particuliers. Mais ceci n\'a rien de très nouveau. Chaque année, surtout en période de croissance faible, les choix budgétaires sont toujours délicats.En revanche, ce qui caractérise cette rentrée 2013, c\'est l\'accumulation des dossiers sociaux particulièrement prégnants. Et c\'est sur la gestion de ces dossiers que le gouvernement est attendu. Les quelques mois qui vont suivre s\'annoncent décisifs pour la suite du quinquennat. S\' ils sont franchis sans trop de casse par le gouvernement, la suite du quinquennat devrait être moins difficile, dès lors que l\'amorce de croissance diagnostiquée par l\'OCDE se confirme.Un pilotage fin de la réforme des retraitesLa question des retraites s\'annonce comme la première épreuve sociale. Jusqu\'ici, le gouvernement ne s\'en sort pas trop mal. Les annonces Ayrault n\'ont pas déclenché un tollé général. Le patronat s\'en est tenu à un grogne a minima, intéressé par la promesse d\'un allègement du coût du travail dont les modalités seront connues prochainement.Côté syndical, la CFDT, l\'Unsa et la CFTC approuvent en partie la réforme. Quant aux organisations FO, CGT et Solidaires qui seront dans la rue ce mardi 10 septembre - plus de 180 rassemblements sont attendus dans toute la France - leur message n\'est pas excessivement clair. Certes, elles contestent l\'allongement de la durée de cotisation. Mais dans le même temps, elles reconnaissent des « ouvertures » s\'agissant des dispositions prenant en compte la pénibilité. Ce n\'est donc pas une opposition systématique au projet Ayrault.Difficile alors de mobiliser franchement. D\'autant plus que le Premier ministre a bien pris soin d\'épargner au maximum les fonctionnaires et les salariés des régimes spéciaux, les plus aptes à descendre dans la rue. En outre, à la différence de 2010, quand toutes les organisations syndicales étaient unies pour dénoncer la réforme Woerth/Sarkozy, là, le front syndical est divisé. Ce qui n\'est pas non plus très favorable à une forte participation. Passé le 10 septembre, le gouvernement devra surtout s\'appliquer a bien gérer le parcours parlementaire du texte sur les retraites qui débutera au mois d\'octobre. Quelques amendements sont attendus, notamment sur la prise en compte des stages dans le calcul de la durée de cotisation.Seuil d\'alerte sur la ponction fiscaleMais attention aussi à la question fiscale. La réforme des retraites prévoit une augmentation des cotisations pour les entreprises et les salariés. Et là, il y a danger pour le gouvernement, face au sentiment de « trop, c\'est trop » qui se développe dans l\'opinion ». Certains ministres n\'ont pas hésité a sonner le tocsin sur le « ras le bol fiscal » qu\'ils sentent monter. Or, en 2014, les ménages vont « subir » la réforme du quotient familial et la suppression des réductions fiscales liées à la scolarité des enfants, soit une augmentation des prélèvements d\'environ 1,5 milliard d\'euro… Sans compter la hausse de la TVA de 0,4 point - au moins - (de 19,6 à 20%) qui interviendra le 1er janvier.Après les hausses de 7 milliards d\'euros en 2012, puis de 24 milliards en 2013, il serait sans doute sage que 2014 soit la dernière année d\'augmentation des prélèvements. 2015 devra être l\'année de la stabilisation, voire de la baisse, tant le sentiment est partagé que la coupe est pleine. Sans compter des dangers que fait peser cette ponction sur le maigre espoir de reprise de la croissance. Comme disait Laurent Fabius en 2001, alors ministre des Finances : « le poids des impôts ne fait pas gagner des élections mais il peut les faire perdre »…Faire baisser la courbe du chômageLe chômage constitue la troisième épreuve. Si François Hollande et Jean-Marc Ayrault parviennent en effet à inverser durablement la courbe d\'ici Noël, ce sera tout bénéfice pour eux…et surtout pour les demandeurs d\'emploi. Mais, attention, ce retournement devra être durable pour convaincre les sceptiques. Pour y parvenir, il faudrait, d\'abord, une confirmation du redémarrage de la croissance pour freiner le nombre des destructions d\'emplois.En attendant, le gouvernement a mis le paquet en 2013 (et le ministre du Travail Michel Sapin est assuré d\'avoir un budget en hausse en 2014 pour continuer le mouvement) sur la politique des contrats aidés. Elle devrait porter ses fruits. La hausse du chômage se ralentit déjà depuis quelques mois. Le chômage des jeunes de moins de vingt-cinq ans, lui, diminue depuis trois mois. La signature de nombreux contrats aidés à la rentrée de septembre peut laisser entrevoir une baisse des statistiques du chômage en octobre - c\'est en tout cas l\'espoir du gouvernement. Mais, là aussi, danger, il faudra que ce retournement soit pérenne pour être crédible.L\'épineuse question de l\'assurance chômageUn dernier dossier ultra sensible va bientôt s\'ouvrir. Celui de la renégociation de la convention d\'assurance chômage. Certes, le gouvernement n\'est pas officiellement en première ligne sur cette question. Ce sont le patronat et les syndicats qui doivent fixer d\'ici la fin de l\'année les nouvelles règles concernant l\'indemnisation des demandeurs d\'emploi. Il n\'empêche, in fine, c\'est le ministre du Travail qui agrée (ou pas) la convention.Les discussions vont être rudes alors que l\'Unedic (l\'organisme qui gère l\'assurance chômage) connaitra cette année une dette cumulée de 18,4 milliards d\'euros. Le Medef souhaite rétablir une dégressivité des allocations, non seulement pour réduire les pertes du régimes mais aussi pour inciter les demandeurs d\'emploi à reprendre plus rapidement un travail, même s\'il ne correspond pas à la qualification du demandeur.Les syndicats sont totalement opposés à cette idée. Leur argument est simple : tant que le chômage reste à un niveau aussi élevé, il serait irresponsable de baisser des indemnités qui constitue le dernier filet de sécurité pour des millions de personnes et leur famille. Michel Sapin va devoir déminer en coulisses…Amorcer l\'acte II du quinquennatOn voit à quel point les mois qui vont suivre sont importants pour l\'équipe au pouvoir, non seulement pour limiter les dégâts lors des élections municipales et européennes de 2014 mais aussi pour tenir les engagements de François Hollande durant la campagne présidentielle. Selon lui, après deux année consacrées aux redressement des comptes, l\'acte II du quinquennat devait être davantage consacré à la consolidation et au retour des réformes. Or, rien ne sera possible sans un retour de la confiance des Français envers l\'Executif . Et sans retour de la croissance et de baisse du chômage, il n\'y aura pas de confiance.    
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