Quatre raisons pour réformer la couverture maladie américaine

Avec 2.240 milliards de dollars (16,2 % de leur richesse nationale) sur l'année 2007, les États-Unis dépensent près du double de la moyenne de l'OCDE en soins de santé, ou un montant de 7.421 dollars par personne (contre moins de 3.000 pour un Britannique !). Or les Américains ne sont pas en meilleure santé que leurs homologues européens. Ainsi, leur espérance de vie n'est que de 78 ans, contre 80,9 pour la France.Sur un peu plus de 300 millions d'habitants, 47 de bénéficient pas de couverture maladie et plusieurs millions de personnes seraient sous-assurés. Les autres sont couverts par leur employeur ou s'offrent une assurance individuelle, très coûteuse ? parfois plusieurs milliers de dollars par an. Ainsi, 22 % des ménages de la classe moyenne paient plus de 10 % de leurs revenus annuels en assurance. « Comme je dois financer mon assurance-maladie moi-même, je n'ai plus d'argent pour de la prévention », explique Patricia Kresge, la cinquantaine, qui travaille dans une usine de Taos, au Nouveau-Mexique. Pas étonnant, dans ces conditions, que les cancers soient souvent détectés trop tard. Willie Picket, guide touristique à La Nouvelle-Orléans, n'a lui non plus aucune couverture. « Je n'ai pas les moyens de m'offrir une assurance », explique ce quinquagénaire. S'il est malade, il paie le médecin [près de 100 dollars la consultation] et les médicaments. En cas de problème grave, il ne reste qu'une solution : l'hôpital de charité. Des établissements surchargés, qui accueillent, dans des conditions difficiles, les malades qui se présentent, parfois pour un simple bobo. De quoi grever le budget de l'État.Selon les laboratoires, les recettes des médicaments doivent permettre de rembourser les investissements consentis pour la recherche et le développement. Mais les sociétés pharmaceutiques consacrent en fait plus d'argent pour la publicité (légale à la télévision) qu'à la recherche. Selon une étude de l'université de New York, l'industrie pharmaceutique dépense près d'un quart de ses revenus en publicité, contre près de 13 % en recherche et développement. Et pour l'instant, si l'administration des anciens combattants négocie les prix des médicaments, au même titre que la Sécurité sociale en France, une loi, passée en 2003, interdit toute négociation de la part du gouvernement pour la population âgée (Medicare). Résultat, le même médicament peut coûter jusqu'à trois fois plus cher aux États-Unis qu'en Europe.Selon l'AARP, l'association des retraités américains, la moitié des examens prescrits ne seraient pas nécessaires. Ces dépenses inutiles s'élèvent, selon son estimation, à 500 milliards de dollars par an. Pis, ces examens entraîneraient, toujours selon l'AARP, que près de 30.000 patients mourraient en conséquence ! Pourquoi ? De peur de poursuites juridiques, les médecins préfèrent se prémunir en prescrivant tous les examens possibles. De peur, aussi, que les patients aillent voir ailleurs? Car les études de médecine coûtent cher, et les jeunes praticiens sont souvent endettés (plus de 150.000 dollars en moyenne)?. Il ne faut pas non plus oublier la mauvaise gestion des dossiers par les services hospitaliers. Toujours selon l'AARP, 20 % des examens et des radiographies seraient répétées simplement parce que la transmission des dossiers d'un service à un autre n'est pas effectuée correctement. Pas étonnant que dans sa réforme le président Obama veuille mettre l'accent sur l'informatisation des données? Lysiane J. Baudu
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