en bref

Vies et destins d'outre-MurLe 16 juin 1989, place des Héros à Budapest. En présence de quelques dignitaires communistes, le peuple hongrois en train de se libérer donne une sépulture aux exécutés de la révolte de 1956. L'organisateur de la cérémonie s'appelle Laszlo Rajk. Il avait 7 ans, le 6 octobre 1956, quand son propre père, nommé lui aussi Lazlo Rajk, a été réhabilité lors d'une pareille cérémonie. Et à peine 9 mois lors du procès stalinien au terme duquel son père, communiste dans l'âme, avait été pendu, en octobre 1949? Trois moments dramatiques sur une période de quarante ans, reliés par une continuité humaine. C'est grâce au livre de Vincent Giret et Christian Duplan que le lecteur français peut saisir la profondeur historique des événements qu'on a tendance, avec le recul, à aplatir en un seul épisode, la chute du mur de Berlin. Il y a quinze ans, journalistes en herbe, les auteurs avaient recueilli avec passion les souvenirs d'une centaine d'acteurs en Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie et Roumanie. Et aussi en France, seconde patrie de nombre d'entre eux. Ils en avaient fait un récit précis, exaltant, souvent bouleversant. Une version abrégée ? mille pages quand même ? paraît aujourd'hui, avec une nouvelle introduction. S. Gh.« La Vie en rouge. Ils ont fait tomber le communisme 1944-1989 », par Christian Duplan et Vincent Giret. Éditions du Seuil (997 pages, 29,50 euros).L'économie du gratuitChris Anderson, rédacteur en chef du magazine « Wired », bible des « geeks », a été l'un des premiers à théoriser la révolution provoquée par Internet dans l'économie. Avec son concept de « longue traîne », il expliquait que des boutiques en ligne pouvaient gagner de l'argent en vendant des articles en petite quantité mais régulièrement, le stockage devenant secondaire. Il élargit aujourd'hui son propos dans un nouvel ouvrage, « Free ! », montrant combien le Net bouleverse l'économie du gratuit. Si depuis la naissance du marketing, le gratuit fait partie de toute stratégie de concurrence, avec le numérique, il ne sera plus l'exception mais la règle, en raison de la baisse des coûts de production et de distribution de produits dans nombre de secteurs. Pour les entreprises, le défi est de savoir où et qui faire payer dans la nouvelle configuration. Anderson multiplie les exemples, et bouscule les idées reçues, il provoque un débat stimulant qui ne fait que commencer, comme l'a montré la loi Hadopi. R. Ju.« Free ! Entrez dans l'économie du gratuit », par Chris Anderson. Éditions Pearson (311 pages, 22 euros).Qu'est-ce que la monnaie ?Alors que le statut du dollar comme monnaie de réserve internationale est de plus en plus remis en cause, Christian Tutin, professeur à l'université de Paris-Est (Créteil) propose à point nommé une anthologie sur l'histoire des théories monétaires. Il a réuni les textes originaux des théoriciens de la monnaie, de John Locke à Friedrich Hayek en passant par Karl Marx, et d'autres penseurs moins connus mais non moins importants comme Henry Thornton ou Irving Fisher. Comme le résume Christian Tutin dans son introduction, « les débats sur la théorie monétaire ont la réputation d'être difficiles, mais plus qu'une technicité particulière, cette perception est l'effet d'un embarras des économistes à l'égard de la monnaie, qui tient à l'ambivalence de la monnaie elle-même, source à la fois de transparence et d'opacit頻. En faisant ce détour par l'histoire, on comprendra que la véritable signification de la monnaie ? le cas de l'euro est exemplaire ?, dont notre vie quotidienne dépend directement, fait toujours débat. R. Ju.« Une histoire des théories monétaires par les textes », par Christian Tutin. Éditions Flammarion, collection « Champs Classiques » (508 pages, 12 euros).
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