« Nous parvenons à faire en France les choses que nous voulons »

Comment garder des employés motivés après que HP a supprimé 30.000 emplois en un an et baissé les salaires ?Nous devons mener à bien notre stratégie, conduire nos opérations, et avoir les meilleures personnes pour mettre en ?uvre notre modèle économique. Nous devons être aussi compétitifs que possible, c'est pour cela que nous avons dû pendre des décisions difficiles en 2005. À l'époque, l'entreprise réalisait 79 milliards de dollars de chiffre d'affaires. L'an dernier, notre chiffre d'affaires a été de 118 milliards. Nous avons crû de 39 milliards en quatre ans, mais nous n'aurions pas pu y parvenir si nous n'avions pas été compétitifs. Il ne s'agit pas juste de réduire les effectifs, mais de mettre les ressources au bon endroit. Nous faisons beaucoup d'enquêtes auprès de nos salariés, et l'année où nous avons observé le plus fort taux de motivation était 2008. Concernant ce qui s'est passé en 2009? Nous avons acquis récemment une société [EDS, Ndlr] qui n'avait, franchement, pas enregistré de très bonnes performances. Il y a aussi eu, bien sûr, le décrochage de l'économie. Il reste certaines choses à faire à EDS, mais nous sommes désormais assez bien intégrés, nous devons maintenant la faire croître. En fait, je pense que les salariés sont motivés lorsqu'ils appartiennent à une équipe qui gagne, qui est dans le jeu. Dans ces conditions, nous sommes en mesure d'apporter aux salariés de la reconnaissance, de la promotion et des bonus élevés. Certaines étapes douloureuses étaient nécessaires dans le cadre d'une stratégie globale pour placer HP en situation de gagner.Comment avez-vous fait en France, en Belgique ou en Allemagne où la législation vous a empêché d'appliquer la baisse de salaire de 5 % imposée cette année à l'ensemble des salariés dans le monde ?Nous aimons la France. Par certains aspects, c'est un peu plus difficile ici qu'ailleurs mais c'est un marché qui compte beaucoup de belles entreprises, où nous avons des salariés talentueux. Je pense que la France a un peu trop mauvaise réputation dans le monde à propos de ses lois sur le travail. Nous parvenons à faire les choses que l'on veut en France, même si ça demande des consultations, des discussions, et que l'on ne tombe pas d'accord sur tout. Bien sûr, j'aimerais parfois que les choses se fassent plus facilement. Nos opérations se sont améliorées en France ces trois ou quatre dernières années. Nous sommes réellement fiers de nos activités en France. Nous y sommes pour le long terme et il était important de construire une fondation stable à partir de laquelle investir et croître. Nous avons d'importantes attentes en France et comptons faire plus, pas moins.Où se situe votre prochaine frontière technologique ?L'industrie dans laquelle opère HP pèse 1.900 milliards de dollars, et possède une dynamique intéressante. Le volume de données va doubler dans les quatre prochaines années, et seulement 3 % de ces données sont numériques. D'un bout à l'autre de la planète, il existe du contenu auquel des gens veulent avoir accès, des résultats sportifs, des cours de Bourse, des actualités, ce qui alimente les besoins de numérisation. Toutes ces données doivent être transformées, stockées, transportées, visualisées, partagées, parfois imprimées. Pour que tout cela fonctionne, il faut des services pour les entreprises comme pour les consommateurs. C'est ainsi que nous voyons HP, qui pilote cet écosystème et l'infrastructure qui supporte les contenus.Quelle est votre politique de recherche et développement ?Nous investissons beaucoup d'argent. Sur les quatre dernières années, nous avons dépensé 17 milliards de dollars en recherche et développement [R&D] et 20 autres milliards pour racheter plus de trente entreprises. Grâce à tout cela, nous pensons que notre portefeuille de solutions est le plus complet de l'industrie.Mais vos investissements en R&D ne cessent de baisser : 3,9 % de votre chiffre d?affaires en 2006, 3,5 % en 2007, 3 % en 2008 et 2,4 % au cours de votre dernier trimestre publié?Il ne faut pas le regarder de cette manière. Ce taux global prend en compte le fait que nous avons des activités à faible intensité de R&D, comme le PC, et d'autres à forte proportion d'investissements en R&D. L'important, c'est le mix, pas le montant en dollars.Quelles sont vos priorités en R&D ?La numérisation, la globalisation, la virtualisation, trois priorités qui correspondent à l'écosystème dont je vous ai parlé. Nous dépensons 70 % de notre R&D dans le logiciel, nous sommes désormais le sixième éditeur de logiciels au monde. J'espère que vous allez voir de nombreuses innovations HP. Nous venons d'annoncer Skyroom, un système de vidéoconférence en 3D adapté au PC de bureau, ou une imprimante sans fil. C'est une petite révolution alors que jusqu'ici vous avez toujours eu besoin de passer par un PC pour imprimer. Là vous passez directement de l'Internet à l'imprimante.Cisco vient d'annoncer une offre de rachat du spécialiste de la vidéoconférence Tandberg. Pourriez-vous être intéressé ?Je n'ai pas de commentaire sur le sujet.Le logiciel a représenté 3 milliards de dollars de chiffre d'affaires pour HP en 2008, sur un total de 118 milliards. Est-ce suffisant ?Je ne pense pas au logiciel en termes de taille pour la taille. Notre stratégie est de bâtir un ensemble d'outils logiciels pour la gestion des systèmes d'information. Souvent les directeurs informatiques des entreprises savent combien ils ont de serveurs, de centres de données, de PC, etc. Mais ne savent pas combien d'applications tournent dessus. Et souvent ils ne savent pas non plus quels outils ils ont à leur disposition pour gérer leur infrastructure informatique. Notre stratégie est de fournir une véritable boîte à outils. La croissance de HP dans ce domaine est une priorité. Mais notre activité de logiciels a un deuxième objectif stratégique : elle nous permet d'automatiser notre offre dans les services. Or dans les métiers de services, beaucoup d'entreprises, pour rester compétitives, réduisent leurs coûts et souvent leurs coûts salariaux, par exemple en recourant à l'offshore. Mais nous pensons qu'il est plus efficace d'éliminer les coûts grâce à l'automatisation de process et de services.Vous êtes le numéro un mondial des PC mais les marges déclinent sur ce marché. Comment gérez-vous cela ?En fait, la marge du PC a été relativement stable ces derniers temps. C'est une activité très compétitive, où il faut avoir une taille importante, une marque, un réseau de distribution mondial. Nous en sommes numéro un, avec environ 20 % de part de marché. Je pense que le marché va continuer à se consolider. Il y aura encore de l'innovation autour du PC. Le PC représente un marché de 150 milliards de dollars, celui des serveurs pèse 60 milliards, le stockage 50 milliards, et les équipements de réseau 45 milliards. Mais, avec le temps, ces marchés vont de plus en plus converger. Nous avons par exemple sorti un produit appelé Matrix qui appartient à la fois au marché des serveurs, du stockage, et des équipements de réseau. Notre activité PC est rentable, rapporte du cash, a une forte position. Mais, plus encore, son intérêt stratégique réside dans le fait qu'il nous donne des compétences sur le marché des serveurs, du stockage, des équipements de réseau. L'intégration de ces plates-formes doit nous permettre d'apporter aux clients innovation et différenciation.
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