La supplique des patrons à Jean-François Copé et Harlem Désir

La crainte de voir arriver dans l\'hémicycle européen une escouade d\'élus inexpérimentés ou trop occupés par la politique nationale est palpable dans les milieux d\'affaires. À tel point que les patrons de PSA, de Michelin, d\'Alstom ou encore de Pernod-Ricard l\'ont couché noir sur blanc.Leur lettre à l\'en-tête du Cercle de l\'industrie devait arriver ces jours-ci sur le bureau de Jean-François Copé et d\'Harlem Désir à l\'heure où paraît cette chronique. Elle est largement inspirée par une « contribution » du Club des représentants des grandes entreprises françaises à Bruxelles, datée de mai, où l\'on peut lire :« Certains membres français du Parlement européen ont été particulièrement actifs et influents dans leurs domaines respectifs au cours de la mandature 2009-2014... Ils ont ainsi pesé sur les textes finalement adoptés pour le bénéfice de leur pays et de l\'Europe... [et] ont conquis de ce fait un capital précieux pour des positions d\'influence dans le futur Parlement. »À Bruxelles, dans les couloirs, les choses se disent en termes moins diplomatiques. « C\'est toujours la même chose, on n\'accorde pas de prime aux bons sortants », explique un lobbyiste.Et un autre d\'ajouter : « Concentrons nos efforts pour sauver les dix sortants qui travaillent vraiment. » Les 64 autres élus français apprécieront. La rumeur, par exemple, d\'un retour de Rachida Dati, qui s\'était fait remarquer en clamant qu\'elle s\'ennuyait ferme dans les travées du Parlement, sert de repoussoir.Ces craintes sont-elles justifiées ?Probablement, hélas, mais tout espoir n\'est pas perdu de voir les investitures - en tout cas une partie d\'entre elles - se décider en fonction du mérite des candidats. À l\'UMP, où Jean-Pierre Raffarin a été chargé de piloter les investitures, l\'idée que le travail effectif des sortants devrait compter semble être prise au sérieux.Au point de faire établir un vrai bilan objectif des mandats. Avec 30 élus, le parti forme de loin le plus grand contingent français.« On n\'échappera pas à quelques nominations politiques, mais on sauvera les bons », assure une source bien informée.Au Parlement, on craint que la « Nouvelle Europe » portée par Jean-François Copé ne serve de repoussoir aux élus de l\'UDI. Or le parti de Jean-Louis Borloo est actuellement courtisé par Guy Verhofstadt qui aimerait ramener ses six élus dans le groupe des libéraux.Si la perte des UDI s\'ajoutait à une éventuelle poussée de la gauche en Europe en 2014, les rangs français au PPE risqueraient d\'être littéralement décimés. Or pour obtenir des positions d\'influence - présidence de groupe, de commission ou poste de coordinateur -, le nombre compte.Du côté du Parti socialiste, les choses ne sont pas moins politiques. « Il n\'y a jamais de prime au mérite », tranche sans nuance une autre source. L\'éviction de Gilles Savary en 2009, l\'un des élus les plus actifs du Parlement, a marqué les esprits. « On pourrait avoir des rééquilibrages, car pour l\'instant la gauche de la gauche du PS est surreprésentée par rapport aux Hollandais », ajoute-t-elle.La « nuit des longs couteaux », par laquelle se termine traditionnellement la séquence des investitures, risque de laisser quelques cadavres sur le carreau puisque, à une exception près, les 13 élus socialistes actuels sont partants pour reprendre du service.Pourtant, il faudra attendre au bas mot la fin de l\'année, à l\'UMP comme au PS, pour être fixé. Les municipales priment. D\'ici là, les grands patrons auront eu tout le temps de marteler leur message.
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