L'Europe peine à lancer ses jeunes entreprises innovantes

Il y a un an quand Telefonica a racheté aux États-Unis Jajah, une jeune entreprise spécialisée dans la téléphonie sur IP (via internet), il pensait racheter une entreprise américaine. En entrant dans la maison, le géant de la téléphonie espagnol s'est aperçu que le directeur général était irlandais et que l'immense majorité de ses principaux collaborateurs venaient d'Europe ou d'Israël. « Nous avons du aller aux États-Unis pour acheter une jeune entreprise innovante européenne », résume le directeur des affaires publiques du groupe Douglas Gregory. Pour la plupart les Européens, qui firent longtemps jeu égal dans l'automobile ou l'aéronautique, ne s'étonnent même plus que Facebook, Microsoft ou Dell aient leur siège aux États-Unis. Mais ils ne mesurent pas forcément le gouffre entre les deux rives de l'Atlantique. Reinhilde Veugelers, chercheuse au centre de recherche en économie internationale Bruegel, et son confrère de l'université libre de Bruxelles Michele Cincera, ont récemment mis des chiffres sur ce phénomène. En Europe, seules 20 % des 1.000 entreprises les plus innovantes sont des « jeunes » entreprises (autrement dit créées après 1975), contre plus de 50 % aux Etats-Unis, d'après une étude publiée lundi. Leur contribution aux investissements en recherche et développement est inférieure à 10 % quand elle est supérieure à 30 % outre-Atlantique. Elles pèsent moins de 5 % des ventes et des emplois ici, contre près de 20 % là-bas. La spécialisation industrielle européenne ne lui permet pas en effet d'être très présente dans les secteurs à haute intensité de recherche comme les IT, la santé et les biotechs.Pourquoi les Etats-Unis « cartonnent », pendant que l'Europe piétine ? « C'est avant tout une question d'environnement, de réseaux, de financement », explique Richard Hudson, dirigeant fondateur du service d'information Science Business. « Autant que la quantité, (c'est) la qualité de l'argent levé » qui permet aux entreprises innovantes de passer le cap de la PME, estime Douglas Gregory. Les fonds d'investissement européens souffrent, d'une manière générale, d' « une mentalité de préservation du capital » qui limite son utilisation. Autant de facteurs structurels bien difficiles à faire évoluer.Florence Autret, à Bruxelle
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