à Pékin, une ouverture libérale

Les caciques du Parti communiste chinois (PCC) ne se sont pas fait d'illusion devant le spectacle de la chute du mur de Berlin. « Ils ont compris que le glas de l'empire soviétique, engagé dans un processus d'affaiblissement, avait sonn頻, explique Jean-Luc Domenach, spécialiste de la Chine. Certes, cette perspective ne déplaisait qu'à moitié à Pékin, qui voyait en Moscou une menace plus qu'un frère communiste. Mais très vite, « les Chinois réalisent que la chute du Mur met en cause la stabilité du pouvoir rouge, y compris le PCC, et que le communisme n'est pas éternel », poursuit Jean-Luc Domenach. Il leur fallait donc trouver la parade.Quelques mois plus tôt, la Chine a failli connaître « sa » chute du Mur. « Dès l'été 1988 émerge un mouvement d'intellectuels favorables à la libéralisation de la vie politique », rappelle l'historienne Marie-Claire Bergère. Secrétaire général du PCC et ex-Premier ministre, Zhao Ziyang desserre le carcan qui empêche toute expression politique en Chine et prône le dialogue avec les universitaires, laissant se renforcer l'espoir d'une société plus libre parmi la population. Mais au sommet de l'État, les factions les plus dures craignent de perdre le contrôle de la rue. Le 4 juin 1989, elles obtiennent la décision d'écraser dans le sang le mouvement des étudiants de la place Tiananmen.Lorsque survient la chute du mur de Berlin, cinq mois plus tard, le contexte politique dans l'empire du Milieu interdit toute contagion démocratique. « Les vieux généraux, la vieille garde conservatrice sont minoritaires mais actifs », explique Marie-Claire Bergère. « Cette vieille garde cherche à bloquer les réformes économiques initiées vingt ans plus tôt », dit-elle.Il faut attendre 1992 pour que se décrispe le régime populaire. Déconsidéré aux yeux d'une large part de la population chinoise, le PCC cherche une nouvelle légitimité pour se maintenir au pouvoir. À défaut de libertés démocratiques, il promet la prospérité aux Chinois. « Dès 1992, Deng Xiaoping relance les réformes économiques », rappelle Marie-Claire Bergère. Très vite, le taux de croissance économique s'envole. « Il ne faut pas oublier que le démarrage de la Chine a été favorisé par la disparition de la menace russe », conclut Jean-Luc Domenach.Laurent Chemineau
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