Le dollar refuse de se laisser enterrer

Bernanke l'affirme, la deuxième vague d'assouplissement quantitatif a pour vocation d'éviter une spirale déflationniste.L'horizon s'éclaircit pour le dollar. Après avoir rechuté au-delà de 1,42 pour un euro jeudi, au lendemain de l'annonce de la vague de « QE2 » de la Réserve fédérale américaine, il a crevé le seuil de 1,39 lundi, pour se hisser jusqu'à 1,3890. C'est la conjonction de meilleures nouvelles en provenance du front américain et de moins bonnes émanant d'Europe qui explique cette inversion de tendance inattendue.Côté américain, le dollar a tiré les dividendes du rapport sur l'emploi aux états-Unis en octobre, qui a suscité les premiers espoirs de concrétisation de reprise enfin créatrice de « jobs ». L'économie de l'Oncle Sam a en effet créé 151.000 nouveaux postes de travail après en avoir détruit 41.000 le mois précédent, même si le taux de chômage reste très élevé. Le chiffre a eu d'autant plus d'influence sur le marché des changes qu'il avait été précédé de statistiques positives plus en aval du cycle, celles des indices ISM des directeurs d'achats du secteur manufacturier et de celui des services.Au-delà de l'embellie conjoncturelle, le billet vert a aussi profité des déclarations de Ben Bernanke pendant le week-end. Le président de la Fed a profité d'un colloque organisé samedi sur l'île de Jekyll en Géorgie, là même où fut créée l'institution qu'il dirige il y a tout juste un siècle, pour sortir de son rôle de Mr Hyde. De ce forum à vocation académique, Bernanke s'est voulu professoral pour justifier la décision de sa banque centrale d'acheter 600 milliards de dollars de titres de dette publique supplémentaires, après avoir réduit les taux à un niveau voisin de zéro en décembre 2008 et déjà acquis 1.700 milliards d'actifs financiers entre mars 2009 et mars 2010. Un outil, pas une stratégieIl a d'abord démenti catégoriquement l'idée selon laquelle la deuxième vague d'assouplissement quantitatif visait à créer plus d'inflation, affirmant que sa finalité était d'éviter une spirale déflationniste. Le patron de la Fed a également martelé que le « QE » était un outil de politique monétaire et qu'il ne s'agissait pas d'une nouvelle stratégie dont les conséquences étaient imprévisibles, comme certains le redoutent. Il a reçu lundi le soutien de son homologue européen Jean-Claude Trichet, qui, s'exprimant au nom de la BRI, la banque centrale des banques centrales, a estimé qu'il n'y avait pas d'intention d'affaiblir le dollar derrière la décision de la Fed.Côté européen, outre la nouvelle dégradation des écarts de taux à long terme entre la sage Allemagne et les pays dénoncés comme étant les PIIGS de la zone euro, l'Irlande devenant la scène d'une nouvelle tragédie grecque, les dernières statistiques n'ont guère été enthousiasmantes.Dernière en date, la production industrielle outre-Rhin, rendue publique lundi, s'est contractée de 0,8 % sur le seul mois de septembre. Après la chute des commandes à l'industrie, la locomotive du Vieux Continent serait-elle déjà en panne ? Autant d'interrogations qui vont rendre les opé-rateurs méfiants à l'approche du G20.
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