Le made in France passe de moins en moins les frontières

Ne sortons pas le champagne. Passé de 4,37 à 3,43 milliards d'euros entre septembre et octobre selon les Douanes, la diminution du déficit commercial ne provient pas d'une brutale augmentation des exportations. Pour le troisième mois de rang, celles-ci ont reculé (? 1,15 %), les exportateurs français ne profitant plus de la baisse de l'euro observée au printemps. Cette amélioration relative des comptes extérieurs de la France s'explique tout simplement par le repli de 3,5 % des importations, dont le montant mensuel a atteint 35,82 milliards d'euros. Les Français sont-ils devenus moins dépensiers ? Même pas. La diminution des importations est presque exclusivement due à la chute de 40 % des importations d'hydrocarbures provoquée par le blocage des terminaux pétroliers lors des mouvements sociaux d'octobre. Pas glorieux.Annoncés en grande pompe par le gouvernement, les grands contrats ne sont malheureusement que les quelques arbustes qui cachent la forêt. Depuis janvier, les ventes d'Airbus se sont élevées à 15,6 milliards d'euros, celles de satellites à 608 millions d'euros et celles de deux paquebots de croisières à 1,2 milliard. Quelques gouttes d'eau si on compare le fruit de ces ventes aux 381 milliards d'euros d'exportations enregistrés depuis janvier et au déficit commercial cumulé au cours des dix premiers mois de l'année, supérieur à 41 milliards d'euros. A titre de comparaison, l'Allemagne « déplore » un léger recul de 7 % de son excédent commercial en octobre (14,3 milliards). Une structure similairePourtant, comme le rappelle le rapport paru en 2008 du Conseil d'analyse économique (CAE) intitulé « Performances à l'exportation de la France et de l'Allemagne », les deux poids lourds de la zone euro ont une structure de produits à peu de choses près similaire. Leur positionnement géographique se ressemble également, même si, comme le constate Alberto Balboni chez Xerfi, « les grands pays émergents ont encore un poids trop faible dans l'export hexagonal, les Bric [Brésil, Russie, Inde et Chine] représentant moins de 6 % des exportations françaises, contre près de 9 % des exportations allemandes ». Alors ? Parmi les nombreux facteurs avancés par le CAE pour expliquer cet écart de performance palpable à partir du début des années 2000, on peut citer la baisse de la compétitivité prix en France, due notamment à un désinvestissement des entreprises et à une amélioration simultanée de la compétitivité coût en Allemagne, provoquée en partie par la modération salariale. Fabien Piliu
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