La France continue de miser sur les marchés du carbone

Ce ne sont pas des négociations laborieuses dans une station balnéaire de seconde zone en Amérique centrale qui pourraient décourager la finance carbone française. Accord ou pas, prix de la tonne de Co2 élevé ou pas, Bercy, CDC Climat, Bluenext mais aussi Natixis, la Société Généralecute; Générale ou BNP Paribas y croient toujours. Ne serait-ce que parce que la contrainte européenne est faite pour durer, comme le rappelle à l'envie Connie Heddegard, la commissaire européenne à l'environnement. Faute de concurrents, le marché européen du carbone reste en pôle position. Il pesait 119 milliards de dollars en 2009, contre seulement 2,5 milliards pour le marché de crédits onusiens issus de projets de réductions de gaz à effet de serre.Bercy a pris les devants« Puisque rien ne va changer (à Cancun), le marché européen devrait continuer d'être moteur sur le marché international », assurait mercredi Dan Barry, responsable du trading de Co2 pour Gazprom. Les ambitions de la France sur le marché du carbone datent des débuts du protocole de Kyoto. Plusieurs grosses entreprises, comme Rhodia, avaient alors misé sur les marchés onusiens et la filiale d'Euronext Powernext, s'est taillé une belle réussite sur celui du Co2 au comptant. Pour tenter de garder la main dans un contexte concurrentiel féroce, Bercy a pris les devants. D'une part en proposant des solutions sur la délicate question de la régulation. Le rapport Prada, présenté mi-2010, a fait le tour des pistes de régulation envisageables sur ce marché malmené par plusieurs scandales, de la fraude à la TVA jusqu'au vol de quotas. D'autre part en tentant de miser sur les enchères de quotas de Co2. Les entreprises européennes recevaient jusqu'alors tous leurs quotas gratuitement, en fonction d'un plafond défini par l'État. Si elles le dépassaient, elles devaient débourser du cash pour acheter des quotas sur le marché. Les électriciens devront désormais sortir leur portefeuille pour acquérir le premier quota aux enchères. Les autres secteurs viendront progressivement à ce mécanisme, entre 2013 et 2018. Ce qui devrait générer plusieurs milliards d'euros de bénéfices sur la période pour les états vendeurs de quotas, et plusieurs millions de frais de transactions pour les plates-formes qui les organisent.D'où l'idée de mettre en avant Bluenext, filiale de Nyse Euronext et de la Caisse des Dépôts et Consignations, qui a perdu près de la moitié de ses parts de marché en un an face à son concurrent European Climate Exchange, à Londres. « Nous nous sommes assurés que Bluenext bénéficie d'un contexte règlementaire favorable », assure une source à Bercy. Soit un nouveau règlement européen adopté en octobre, et taillé sur mesure. Il prévoit que les enchères de quotas seront principalement organisées sur une même plate-forme, même si les 27 pays peuvent opter pour d'autres solutions. La solution Bluenext irrite notamment les Anglais, qui organisent déjà des enchères comme les Allemands, alors que la France ne le fait pas encore. Les banques, qui disposent déjà d'équipes importantes sur le marketing du Co2, pourraient aussi vendre un rôle de conseil accru, étant donné la complexité des futurs mécanismes d'enchères de quotas.
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