La cession de Conforama à Steinhoff ouvre une nouvelle ère chez PPR

Il la veut. Et il l'a eue. Selon nos informations, le PDG du groupe sud-africain Steinhoff, Markus Jooste, vient de conclure avec PPR le rachat de Conforama pour 1,625 milliards d'euros. Sa proposition tenait la corde depuis longtemps. Steinhoff coiffe au poteau Carlyle dont l'offre était du même ordre de grandeur. L'investisseur américain avait mobilisé deux de ses fonds de private equity et d'immobilier. Mais la solution Steinhoff, fabricant de meubles et distributeur, a eu la préférence de PPR et de la direction de Conforama. Notamment pour la destinée industrielle du nouvel ensemble. L'offre moins disante de Colony Capital et Goldman Sachs, par ailleurs actionnaire de But, aurait, elle, été écartée dès la semaine dernière, selon nos informations. « Leur projet était très financier. Personne ne le cautionnait chez PPR », observe un dirigeant. Chez Conforama et chez But, c'est le soulagement. Les représentations syndicales des deux enseignes craignaient des mesures de restructuration suite à la fusion des deux enseignes. Un « prix inespéré »François-Henri Pinault peut lui aussi être soulagé. Un an après avoir dévoilé son intention de recentrer PPR sur les seuls secteurs du luxe et de la mode sportswear, le PDG du conglomérat français (16,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2009) vend à bon prix l'enseigne d'ameublement endettée à hauteur de 350 millions d'euros environ. Ce prix - « inespéré il y a encore dix-huit mois », selon un analyste financier - a été obtenu grâce au redressement de l'enseigne, numéro deux du marché français de l'ameublement derrière Ikea. Conforama est à nouveau dans la course. Son chiffre d'affaires a progressé de 4,8 % sur les neuf premiers mois de 2010. Et sa marge brute d'exploitation s'est établie à 5,9 % au premier semestre, en progression de 1,2 point par rapport à 2009. « Son image prix s'est aussi grandement améliorée cette année. Conforama représente la meilleure alternative à Ikea », observe le directeur associé chez OC&C Jean-Daniel Pick en s'appuyant sur les résultats d'une étude annuelle sur l'image des enseignes.La Fnac, prochain actif à céder de la liste de PPR, fera-t-elle aussi bien ? « Les coefficients multiplicateurs de valorisation des métiers où exercent la Fnac oscillent entre 8 et 10 fois le résultat opérationnel courant », rapporte un analyste financier. Dès lors, PPR pourrait en obtenir entre 1,5 et 1,9 milliard d'euros. La vente imminente de Conforama devrait aussi lancer PPR dans sa chasse à la marque de sport idéale pour étoffer son pôle sport et lifestyle dont dépend sa filiale Puma. Le titre Burberry a d'ailleurs gagné 6,6 % à la Bourse de Londres sur des rumeurs de rachat par PPR. Selon nos informations, François-Henri Pinault rêve surtout de mettre la main sur Quiksilver. Il y a deux ans, il a étudié son rachat. Mais la dette du groupe californien, qu'il avait contractée lors du rachat de Rossignol, l'a effrayé. De nouveaux contacts ont été établis cet automne avec son PDG, Bob McKnight. PPR s'est aussi tourné vers le fonds d'investissement, Rhone Capital, actionnaire de référence à hauteur de 19 %. En vain. L'émission obligataire de 200 millions d'euros, que Quiksilver vient de mener pour rembourser ses banques créancières en France, relancera-t-elle le dossier ? En Bourse, Quiksilver ne vaut plus que 760 millions de dollars. Mais, PPR risque alors de se heurter au refus des dirigeants du roi du surfwear. « Nous ne sommes pas vendeurs », soutient un dirigeant.
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