La précarité s'installe chez les chercheurs

echercheC'est un rapport qui tombe à pic. Un mois et demi après qu'une intersyndicale de 19 organisations a lancé une enquête nationale sur l'emploi précaire dans l'enseignement supérieur et la recherche (« La Tribune » du 22 octobre), la conférence des présidents d'université (CPU) a publié lundi un rapport de l'OST (Observatoire des sciences et des technologies) sur les emplois non permanents des chercheurs dans les laboratoires et les universités. Une première pour ces dernières qui « ne centralisent pas ces populations », confie Éric Esperet, de la CPU et coauteur de l'étude. Si celle-ci s'attache à la population des seuls chercheurs au 31 décembre 2006, alors que l'intersyndicale s'intéresse à tous les personnels de statut précaire, elle corrobore une tendance lourde : les universités et les laboratoires de recherche font largement appel aux contrats non permanents.Selon ce rapport, les organismes de recherche employaient, fin 2006, 5.200 chercheurs non permanents (contrats de un à trois ans), soit 23,4 % des effectifs. Un taux qui varie toutefois selon les organismes de 15 % (Inserm) à plus de 60 % (Inria et Cemagref). Idem pour les 53 universtés et grands établissements étudiés (contrats d'un an ou moins) : si le taux moyen est de 23,5 %, il varie de 0,5 % (université Dijon-Bourgogne) à 64,4 % (ENS Lyon). Il s'agit en majorité de doctorants ou post-doctorants et dans une moindre mesure de chercheurs étrangers ou d'enseignants-chercheurs en détachement.« Carrières précaires »Plus intéressante encore est l'analyse des flux d'entrée et de sortie dans les laboratoires. « Il y avait 5.200 contrats fin 2006 contre 4.168 fin 2005 », note le rapport. Premiers concernés, les moins de 35 ans (89 %). Quant à la rémunération mensuelle brute moyenne, elle plafonne à 1.934 euros. Mi-janvier, les résultas de l'enquête intersyndicale devraient préciser cette tendance, qui se confirme déjà au vu des 3.700 questionnaires déjà retournés, indique Michelle Lauton, du Snesup-FSU. L'intersyndicale, qui dénonce de « véritables carrières précaires », compte se mobiliser en 2010 sur ce thème. Autant dire que dans ce contexte, le discours hier du chef de l'État stigmatisant une nouvelle fois les chercheurs « qui ne cherchent pas » devrait mal passer. Clarisse Jay
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