Bâle III : les 4 questions qui se posent après l'assouplissement des exigences de liquidité

S\'agit-il d\'une défaite des régulateurs ?Pas vraiment. A la différence du ratio de capitalisation de Bâle 3, le ratio de liquidité était présenté depuis le début comme un ratio «à l\'essai». Il a toujours été dit qu\'il devait être étudié, observé et qu\'il pourrait faire l\'objet d\'ajustements jusqu\'à mi-2013.Quelles banques en avaient le plus besoin ?La décision du Comité de Bâle avantage les banques dont le LCR était  inférieur à la moyenne du secteur, comme les banques françaises, Deutsche Bank, les banques britanniques domestiques et les banques de la périphérie de la zone euro qui bénéficient du soutien de la BCE. En ce qui concerne les banques françaises, l\'on sait que soutenues par le Gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, elles se sont violemment opposées au ratio de liquidité à court terme (Liquidity coverage ratio ou LCR) dès décembre 2010. Elles font également partie des banques qui ont le plus progressé en Bourse lundi et mardi après l\'annonce du Comité de Bâle d\'assouplir et de retarder la mise en œuvre du ratio. En deux séances, le titre Société Générale a bondi de près de 6%, celui de Crédit Agricole a pris près de 4,5%. Le cours de l\'action BNP Paribas a, lui, gagné près de 3%, pendant que celui de Natixis s\'appréciait de presque 5%. Pour autant - comme bon nombre de leurs concurrentes européennes -, elles avaient déjà considérablement amélioré leur ratio de liquidité à court terme. Dans une note de recherche, JP Morgan estime qu\'en juin 2012, le LCR (ancienne définition) de Société Générale s\'élevait déjà à 80%, celui de Crédit Agricole SA à 75% et celui de BNP Paribas à 85%. Avec le «LCR nouveau», ces niveaux dépasseraient d\'ores et déjà les 100% requis ... à horizon 2019 (113% pour Société Générale, 109% pour Crédit Agricole et 128% pour BNP Paribas d\'après les estimations des analystes de JP Morgan). Autrement dit, en combinant un assouplissement du LCR et un report de sa mise en œuvre, le Comité de Bâle soulage certes les banques françaises, Deutsche Bank ou Barclays, mais il vise surtout les banques des pays périphériques de la zone euro, là où la reprise du crédit est un clé du redémarrage de l\'activité. Or ces banques mobilisent l\'essentiel de leurs actifs liquides auprès de la BCE afin de se financer...Comment les régulateurs contrôleront-ils que les actifs soi-disant «liquides» des banques le sont vraiment ?C\'est là le principal défi pour les régulateurs. S\'ils permettent aux banques d\'inclure dans leurs réserves de liquidité des obligations d\'entreprises (notées en catégorie d\'investissement), certaines actions ainsi que des emprunts hypothécaires résidentiels titrisés (RMBS au moins notés AA), alors ils devront vérifier que les actifs déclarés comme liquides le sont réellement. En 2008, nombre d\'actifs soi-disant liquides se sont finalement révélés totalement illiquides. Reste la question de la dépendance aux trois grandes agences de notation. Largement impliquées dans la débâcle de la crise des subprimes, elles restent aujourd\'hui incontournables. De telle sorte que les régulateurs qui disaient pourtant il n\'y a pas si longtemps vouloir «se désintoxiquer» des notes des agences n\'ont une fois de plus pas trouvé d\'autres solutions que de s\'y référer.L\'élargissement de la base d\'actifs éligibles va-t-il contribuer à gonfler la bulle sur les obligations d\'entreprise ?La décision du Comité de Bâle ne peut que renforcer l\'appétit des banques pour les obligations d\'entreprises notées en catégorie d\'investissement. Au point de contribuer au resserrement des «spreads» (marges) sur les emprunts obligataires émis par les entreprises? S\'il est encore trop tôt pour le dire, certains stratèges de marché se posent déjà la question car la situation est extrêmement tendue sur ce marché.  
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