Patrick Werner : toréador, prends garde

Son arrivée en juin 2006 à la tête de La Banque Postale avait surpris. Venu de la Fédération française des sociétés d'assurances, après avoir été de 1991 à 1995 au groupe Victoire, il était plus étiqueté « assureur » que banquier. Il rétorquait que, à sa sortie de l'ENA et de l'inspection des Finances, il était d'abord entré à la Caisse des Dépôts et connaissait donc bien les subtilités bancaires. Derrière son sourire mi-matois, mi-carnassier, se cache un vrai tempérament, entreprenant, ambitieux, plus jouisseur qu'ascète - c'est un grand fan de cigares -, parfois jugé à la limite de l'arrogance. Ses adversaires le lui ont reproché, estimant qu'il donnait l'impression que La Banque Postale et son dirigeant pouvaient bien se passer de la grande maison mère et de son président, Jean-Paul Bailly. Mais force est de reconnaître que l'établissement financier de La Poste a gravi les échelons quatre à quatre pour tendre à devenir une banque comme les autres tout en conservant sa spécificité de « banque pour tous », y compris des moins fortunés. Le goût de l'adrénalinePatrick Werner ne dédaigne pas la prudence : en pleine polémique sur les traders, après les affaires du Crédit Agricolegricole puis de Jérôme Kerviel à la Société Généralecute; Générale, il confie : « J'ai demandé à mes équipes de faire attention, on est toujours à la merci d'un jeune chien fou. » Mais ce qu'il aime le plus, c'est aller de l'avant. Chaque feu vert de Bercy obtenu au forceps - notamment contre le lobby bancaire qui apprécie peu ce mastodonte venu d'ailleurs - pour une nouvelle activité (en dernier lieu, le crédit à la consommation) vient nourrir son adrénaline et son goût des plans de bataille préparés avec minutie... jusqu'aux affiches publicitaires auxquelles il donne l'imprimatur. L'adrénaline, il la recherche aussi personnellement. Aux beaux jours, il adore préparer une petite valise avec un simple costume blanc léger et un foulard rouge pour aller courir devant les taureaux lâchés en pleine rue lors des fêtes basques. Un goût qui rejoint une autre de ses passions, peu politiquement correcte (mais un peu de provocation ne lui fait pas peur) : la corrida. L'un de ses grands plaisirs était d'y assister à Séville, puis de filer avant le sixième et dernier taureau afin de prendre l'ultime avion pour Barcelone et de rejoindre son bureau parisien aux aurores. Il va maintenant avoir du temps pour la tauromachie mais il rêve sans doute déjà de revenir dans l'arène du business.
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