STRONG>Christian Harbulot, directeur de l'École de guerre économiqueLes activités d'espionnage économique ne sont pas nouvelles, ni de la part des États, ni de celle des entreprises. Comment expliquez-vous l'émotion suscitée par l'affaire Renault ?C'est vrai qu'elles ne sont pas nouvelles, mais l'affaire Renault sert de révélateur émotionnel. Alors que les économistes ne juraient que par l'économie de marché, sans lien, apparemment, avec l'activité des États, il faut aujourd'hui utiliser une nouvelle grille de lecture. Ainsi, alors que l'industrie automobile prépare l'après-pétrole, on doit se poser la question de l'économie comme vecteur d'accroissement de puissance. Dans ce cadre général, il est clair que la Chine, mais aussi la Russie et d'autres pays vont vouloir protéger leur industrie.Dans certains cas, il n'y a pas eu « attaque » extérieure mais plutôt de cadres d'entreprises qui donnaient des informations à l'extérieur. Que pensez-vous de cette situation ?Là aussi, cette situation est révélatrice. D'une part, il semble qu'il n'y ait pas de prise de conscience, de la part des salariés, et en particulier des ingénieurs, du lien entre innovation et compétition. Ils ne pensent qu'à innover, sans se rendre compte que les innovations peuvent être pillées ! D'autre part, il n'y a pas de notion de responsabilité de la part d'une majorité de salariés. Pas de civisme en quelque sorte. Les responsabilités vis-à-vis de la société semblent déléguées au « patron » de l'entreprise uniquement.Que faut-il faire pour régler ce problème ?Au-delà des actions que l'État doit prendre, il faut effectivement régler le problème du manque de civisme. Il faut construire ce civisme, dans les grandes écoles, par exemple, où il n'y a pas de cours intitulé « À quoi sert l'information dans le développement des entreprises ? » par exemple. Propos recueillis par Lysiane J. Baudu

latribune.fr

09 Jan 2011, 23:21

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