L'espoir d'un sauvetage de la Grèce ranime la monnaie européenne

Il a suffi d'une annonce apparemment anodine pour faire rebondir l'euro face au dollar : le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, en visite en Australie pour les cérémonies du cinquantenaire de l'institut d'émission de Sydney, va avancer son retour en Europe pour assister jeudi au sommet des vingt-sept chefs d'État et de gouvernement européens consacré à la crise économique. Avec en toile de fond la situation budgétaire catastrophique de la Grèce.Bien que Trichet ait catégoriquement démenti des rumeurs qui n'ont pas manqué de circuler, selon lesquelles la BCE prévoyait une réunion d'urgence de son conseil des gouverneurs, les opérateurs ont cru déceler dans cette information les prémisses d'un plan de sauvetage de la République hellénique. Ils ont également pris acte de la volte-face de l'agence Fitch qui, après avoir mis de l'huile sur le feu, a déclaré hier qu'il n'y avait pas de raison de dégrader la note de l'Espagne et que la Grèce était en mesure de mener à bien son plan de réduction du déficit budgétaire. Il y avait bien là matière à redonner sa chance à l'euro, qui est remonté d'un point bas de neuf mois, atteint à la veille du week-end dernier à 1,3585 jusqu'à 1,3840 mardi, au plus haut dans les transactions. Enfin, le marché a été encouragé par les déclarations du troisième larron : le frais émoulu président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, a évoqué la création d'un « gouvernement économique » des Vingt-Sept, qui fait si cruellement défaut depuis onze ans, afin de mieux coordonner leurs politiques face à la crise. La réunion de jeudi, estime-t-il, doit poser les jalons d'une nouvelle stratégie économique pour l'UE, axée sur les investissements dans la recherche, l'économie « verte » et l'innovation, remplaçant celle dite « de Lisbonne ».Si ce volontarisme affiché ne se traduit pas rapidement en actes, le sentiment négatif à l'égard de la monnaie risque de se transformer en crise de confiance. Dans la crainte d'une crise de la dette dans la zone euro, les spéculateurs ont déjà fourbi leurs armes. Les traders et les fonds de couverture (hedge funds) ont amassé les positions courtes (vendeuses) en euros les plus importantes jamais enregistrées depuis la naissance de la monnaie unique, selon les chiffres du Chicago Mercantile Exchange cités par le « Financial Times » : pas moins de 40.000 contrats d'une valeur de 5,8 milliards d'euros, soit près de 8 milliards de dollars. n
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