Le patronat allemand refuse toute « union des dettes » de la zone euro

L'Allemagne campe sur la ligne dure avant le sommet européen de Bruxelles vendredi. La chancelière Angela Merkel n'aura en effet guère de marge de manoeuvre pour les compromis tant la pression sera forte sur elle. Depuis quelques jours en effet, les principales élites économiques et politiques du pays serrent les rangs pour refuser toute concession aux pays lourdement endettés de la zone euro. L'initiative la plus spectaculaire est sans doute venue de cette déclaration commune des quatre principales organisations patronales d'Allemagne : la fédération des industries (BDI), la fédération des employeurs (BDA), la chambre de commerce et d'industrie (DIHK) et la fédération de l'artisanat (ZDH). Ensemble, elles soutiennent la proposition franco-allemande d'un Pacte de compétitivité pour l'Europe. Mais ce soutien n'est qu'apparent, car en réalité, c'est une ligne dure qu'ont défendue les chefs d'entreprise allemands, celle d'un refus catégorique d'une « communauté des dettes ». Il n'est donc pas question pour eux de réaliser des emprunts européens, ni de renforcer préventivement les fonds de sauvegarde de l'euro. Et il faut cesser au plus vite le rachat de la dette des pays membres par la BCE. À l'inverse, ils insistent pour que des limites de déficits soient inscrites dans toutes les Constitutions nationales ainsi que des sanctions automatiques soient mises en place pour les mauvais élèves.Capacité de compromis réduiteMardi, dans une tribune publiée par le « Handelsblatt », le président de la BDA, Dieter Hundt, faisait par ailleurs l'éloge de la fin de l'indexation des salaires et de l'adaptation des systèmes de retraite aux évolutions démographiques. Deux exigences qui avaient été abandonnées par la proposition d'Herman Van Rompuy la semaine dernière. C'est donc un appel à la fermeté que lance le monde économique. Un appel renforcé par la majorité parlementaire d'Angela Merkel qui, à deux semaines des élections régionales, ne veut pas donner l'impression de céder. Les Libéraux, notamment, cultivent l'espoir que la fermeté de leurs positions leur permettront de franchir dans les Länder où l'on votera les 5 % nécessaires à l'entrée au Parlement. Ils ont notamment insisté pour qu'on ne renforce pas préventivement le fonds de sauvetage et qu'on n'autorise aucune intervention commune sur le marché pour racheter des dettes de pays en difficulté. Angela Merkel sera donc sous haute surveillance vendredi et elle aura beau jeu d'avancer la carte de cette pression de politique intérieure pour arracher aux 16 une « solution globale » où seraient acceptées toutes les exigences du Pacte de compétitivité pour obtenir l'accord de Berlin sur le renforcement du fonds de sauvetage de l'euro. (Lire aussi page 19).
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