La difficile gestation gouvernementale du nouvel impôt écologique

Cacophonie ? « certainement pas ! tout simplement un vif débat au sein du gouvernement », répond l'un de ses membres impliqué dans ce dossier. L'histoire de la taxe carbone, qui trouvera son épilogue aujourd'hui avec l'annonce par Nicolas Sarkozy de ses arbitrages finaux, a été depuis le début ponctuée de polémiques multiples. Lorsque le 25 octobre 2007, lors du Grenelle de l'environnement qui concluait à la nécessité, dans un premier temps, de s'en tenir à « l'étude » de la création d'une taxe climat-énergie, beaucoup respirèrent. Paraphrasant Clemenceau qui affirmait « le meilleur moyen d'enterrer un dossier [était] de créer une commission », beaucoup, dont le Medef, se rassurèrent, estimant que la taxe verte ne verrait jamais le jour. « Sarkozy met un point d'honneur à faire ce qu'il a dit », assure un de ses proches qui « n'a jamais douté de sa volonté de faire la taxe carbone ».Étonnamment, et dès l'instant où le président a imposé cette réforme à son gouvernement « grosso modo deux clans se sont formés », raconte cette même source. D'un côté les ministres « environnementaux », Jean-Louis Borloo en tête, qui plaident pour la mise en place d'une taxe à l'architecture très proche de celle élaborée par les écologistes, c'est-à-dire avec redistribution et incluant l'électricité dans son assiette. De l'autre « les budgétaires », dont au premier chef Éric Woerth, mais aussi d'autres membres du gouvernement et surtout Matignon dont l'un des soucis est notamment « l'impact politique de la création du nouvel impôt ». « Dès que la polémique est apparue, l'Élysée a systématiquement soutenu la frange écolo du gouvernement » qui, après quelques hésitations de la part de l'impétrante, voit se rallier à elle la ministre de l'Économie, Christine Lagarde. Bercy se retrouve alors coupé en deux avec des ministres défendant des visions divergentes. Au ministère du Budget on plaide par exemple pour reculer d'au moins un an la création de la taxe. Avec en arrière pensée « l'idée qu'en 2011, un an avant la présidentielle, l'exécutif n'ose plus passer à l'acte et enterre le projet », analyse un cacique de l'UMP. Mais, là encore, c'est « le château qui impose ses vues », affirme une autre source gouvernementale. D'où « l'heureux retournement de position du ministre du Budget cet ét頻, se félicite-t-on dans l'entourage de Jean-Louis Borloo. Les opposants à l'impôt vert ont perdu sur le fond. Mais ils ont obtenu une forte contrepartie : « L'important n'est pas le prix de départ de la tonne de CO2 », a tranché Sarkozy, « mais de créer une fiscalité verte », aurait-il soutenu. Rémy J
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