Zapatero réforme le marché du travail espagnol

La réforme du marché du travail a été adoptée jeudi par le Parlement espagnol, trois mois après sa première mise en place par décret par le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero. Il s'agit d'un succès pour le chef de gouvernement espagnol qui le présente comme l'un des piliers de son action pour corriger les déséquilibres du modèle économique du pays. Suivra bientôt la réforme des retraites. Le dirigeant socialiste a d'ailleurs estimé cet été que les réformes menées en 2010 et 2011 auront un impact sur « les vingt prochaines années ».Le texte ne manque certes pas d'ambition. Il s'agit, outre d'augmenter la compétitivité en berne du pays, d'atténuer le problème du chômage, dont le taux s'élève à 20,1 %, et de réduire la proportion de contrats à durée déterminée (CDD).La loi veut en effet favoriser un type de contrats de travail à durée indéterminée (CDI) auprès des entrepreneurs en abaissant les indemnités à verser en cas de licenciement. Les licenciements pour motifs économiques sont d'ailleurs facilités.Pourtant, le diagnostic de certains chefs d'entreprise est sans appel : « C'est une mauvaise réforme. En Espagne, l'embauche en CDI est l'une des plus rigides d'Europe alors qu'en CDD, c'est l'une des plus flexibles. Résultat, il y a un excès de CDD, donc un manque de formation des employés, une grande instabilité de l'emploi et par conséquent, une faible compétitivité. La nouvelle loi ne va rien changer », estime Juan Pablo Lázaro, président de Sending Transporte Urgente, entreprise madrilène de transport de 200 employés. David Fañanas, qui dirige Modisprem, une PME aragonaise du secteur chimique comptant 80 employés, souligne toutefois que le nouveau système peut être utile en temps de crise : « On pourra licencier plus facilement et maintenir l'entreprise à flot si on est amené à fermer des lignes de production, comme cela a été notre cas en 2008. » lutte contre l'absentéismeLes deux dirigeants estiment de concert que la grande lacune du texte concerne la lutte contre l'absentéisme, bien qu'avec la crise, ce phénomène tende à perdre de l'ampleur. De fait, « dans mon entreprise, en temps normal, il y a 7 % d'absents. Avec la crise, ce taux s'est cependant abaissé à 4 % », note Fañanas.L'autre carence de la loi réside dans le fait qu'elle « ne promeut pas l'embauche », selon Fañanas, et en particulier en CDI, complète Lázaro. De fait, l'extension du contrat de travail qui vise à encourager l'embauche en CDI en réduisant l'indemnité pour licenciement de 45 à 33 jours par année travaillée semble même contreproductive. En effet, malgré la généralisation de ce contrat, en vigueur depuis juin, sa proportion dans le total des contrats de travail conclus est passée de 14 % en juin à 8,6 % des contrats signés en août.De quoi alimenter le mécontentement des syndicats, qui appellent à la grève générale le 29 septembre prochain.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.