La FNAC et Darty peuvent-ils oser la Bourse ?

François-Henri Pinault a donc décidé d’enclencher le processus de vente de son pôle distribution spécialisée. En se séparant de la FNAC et de La Redoute, il opère là un virage stratégique important. Il a clairement opté pour un recentrage sur le luxe, aux marges toujours généreuses et aux perspectives de développement intactes dans toutes les grandes sphères mondiales. Du coup, il faut donc maintenant organiser au mieux la sortie de ces deux marques mythiques. Il envisagerait de mettre en Bourse la FNAC. L’idée est astucieuse pour espérer obtenir le maximum. A noter, en effet, que c’est souvent ce que disent les patrons des entreprises concernées pour vendre à meilleur prix auprès de fonds d’investissement ou d’investisseurs privés. Les banquiers conseils font effectivement à cette occasion des études financières sur les sociétés en question et aboutissent à des niveaux de valorisations avec une fourchette haute et une fourchette basse. L’occasion de mettre en avant un prix plancher en dessous duquel le vendeur ne voudra pas céder ses titres.L\'heure est délicate pour les mises en BourseEst-ce le cas pour la FNAC? L’heure est délicate pour les mises en Bourse et surtout pour les entreprises de distribution spécialisée, confrontée de près à l’évolution de la consommation des ménages. Les derniers exemples d’introduction le montrent: seuls les petits dossiers plutôt spécialisés dans le secteur de la santé ou des télécoms ont réussi à aller jusqu’au bout de leur projet. Et encore, ils ont tous été introduits dans le bas de la fourchette des évaluations. Les performances financières de la FNAC ne militent pas, en outre, pour un tel choix. Sur les six premiers mois de 2012, le résultat opérationnel de l’enseigne est en perte de 7,5 millions d’euros compte tenu de la morosité des ventes de produits techniques et éditoriaux. Toutefois, le groupe est assez performant sur Internet et a réussi à construire une offre appréciée des internautes, les ventes sur la toile représentant déjà près de 14% du total. Spécificité qui pourrait séduire plus d’un intervenant souhaitant développer un site marchand puissant fédéré autour d’une marque forte.Le retour en Bourse de Darty, également évoquéSigne des temps? Un autre distributeur spécialisé pourrait également frapper à la porte de la Bourse de Paris: le roi du «contrat de confiance», Darty. Compte tenu des difficultés financières de sa maison mère britannique, Kesa, issue d’une scission de Kingfisher, il serait effectivement question de sortir de la Bourse de Londres Kesa pour ré-introduire le français Darty qui se porte beaucoup mieux que son homologue d’outre-Manche. Stratégie vivement recommandée par l’un des principaux actionnaires de Kesa, en l’occurrence l’activiste Knight Vinke. Il s’agirait bien là d’un retour en Bourse puisque rappelons-le, Darty a été l’une des vedettes de la place française dès 1976 avant d’en disparaître en 1988 après un rachat par ses salariés (qui en avaient obtenu 56%). Retrait de la cote qui n’a pas manqué de défrayer la chronique, un petit porteur ayant longtemps affirmé que l’actionnaire majoritaire n’avait pas 95% du capital et qu’à ce titre il ne pouvait pas retirer l’action de la cote ni profiter de l’avoir fiscal. Polémique qui s’est naturellement éteinte avec la reprise par Kingfisher en 1993.Une consommation des ménages bien aléatoireLe groupe britannique va-t-il oser la Bourse dans le contexte actuel? Les performances financières de Darty sont-elles suffisamment solides pour permettre une telle issue? L’actionnaire activiste Knight Vinke prône cette solution, fort de ses 18% dans Kesa. Mais là encore, les banques conseils ne prépareront un tel projet qu’en ayant l’assurance qu’il soit mené à bien et surtout que la demande soit au rendez-vous. Et là encore, les investisseurs ne sont peut-être pas très impatients sur ce dossier compte tenu des aléas macro-économiques. Darty bénéficie pourtant, comme la FNAC, d’une marque forte susceptible de favoriser l’essor d’un site Internet marchand. Peut-être les dirigeants de Darty attendent-ils de voir le succès remporté par la mise en Bourse de la FNAC pour se lancer. Mais peut-être ceux de la FNAC se font-ils la même réflexion… 
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