Les foies gras de canes bientôt dans nos assiettes  ?

groalimentaireLa crise couve au sein de la filière française du canard gras. Certains industriels se posent en effet la question de savoir s'ils doivent continuer à s'auto-interdire de gaver des canes. « En France, le foie gras de canard est traditionnellement produit à partir des mâles. Un accord professionnel conclu en 1995, et plusieurs fois reconduit depuis, a consacré cette tradition, en interdisant à toute la filière de gaver des femelles, dont les foies sont réputés de qualité moyenne », explique Marie-Pierre Pé, déléguée générale du Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras). Les canettes, elles, sont alors valorisées en volailles de chair ou bien supprimées.Mais depuis l'élargissement de l'Union européenne à d'autres pays producteurs, comme la Bulgarie, moins regardante que les Français sur la qualité, cette limitation crée des distorsions de concurrence en faisant circuler, en France comme à l'étranger, des foies gras d'origine « UE » issus de femelles. « Or, une canette à gaver coûte 1,20 euro contre 15 euros pour un caneton », précise Marie-Pierre Pé, pour qui les règles doivent être vite harmonisées au sein de l'Union européenne. « Soit personne ne doit pouvoir gaver les femelles, soit, au contraire, tout le monde doit pouvoir le faire, y compris les Français », lance-t-elle. vérifier l'écart gustatifC'est dans cette perspective et sachant qu'un nouvel accord professionnel devra être prochainement discuté, que le groupe Maïsadour (marque Delpeyrat) a discrètement lancé cet été une expérimentation de gavage de femelles. « Il s'agit de savoir si l'écart gustatif tant décrié il y a vingt ans est toujours d'actualité, sachant que les souches et les techniques de production ont largement évolué depuis », note Marie-Pierre Pé, en lieu et place de la société qui observe sur le sujet un silence complet, à l'instar de son grand concurrent Euralis (Monfort et Rougié) qui a, lui, choisi de produire en Bulgarie. Mais de nombreux acteurs de la filière s'opposent à cette extension. C'est le cas des couvoirs, dont les installations seraient alors surdimensionnées et fragilisées. Mais aussi des tenants de la tradition, qui dénoncent un nivellement par le bas et une possible déstabilisation d'un marché déjà confronté à la surproduction.
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