« Les indicateurs humains médiocres provoquent une mobilisation »

Jean-Joseph Boillot, conseiller au club du CEPII*Comment expliquer le divorce entre croissance économique et stagnation des indicateurs sociaux ?Le classement du PNUD est relatif. L'indice de développement humain de l'Inde progresse à 0,612 contre 0,427 en 1980. Mais le monde, et notamment une partie de l'Afrique, avance désormais plus vite. Deux Indes coexistent : un « arc fertile » Delhi-Bombay- Bangalore-Chennai. Et une « diagonale de la pauvret頻, qui va du Rajasthan au Bengale occidental. Qu'il s'agisse du taux de fécondité ou de la mortalité des femmes, les performa ces y sont inférieures à celles de nombreux pays africains.À quoi tient cette « résistance au développement » ?Les États du nord sont conservateurs, machistes. On y trouve moins de 70 filles scolarisées pour 100 garçons, un des taux les plus faibles du monde. Du coup, les mères sont peu instruites, ont beaucoup d'enfants, et les jeunes filles sont sous-nourries.Pourquoi la Chine réussit-elle mieux ?D'abord, elle a vingt ans d'avance dans la transition démographique. Ensuite, le système autoritaire affecte les ressources, notamment dans l'éducation et la santé où la Chine a creusé la différence juste avant son décollage. Ceci lui a permis de faire en vingt ans ce que l'Occident a fait en cent cinquante ans. Inversement, les inégalités se creusent aujourd'hui. L'Inde est une démocratie et les choses y sont graduelles. Ces indicateurs humains médiocres provoquent une réaction collective avec de nouveaux programmes dans l'éducation ou la santé et une forte mobilisation sociale pour les contrôler. Propos recueillis par P. de J.(*) auteur de « l'Économie de l'Inde »
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.