Beaubourg présentera dès mercredi une gigantesque rétrospect...

Pierre Soulages, du 14 octobre au 8 mars au Centre Pompidou. Tél. : 01.44.78.12.23. www.centrepompidou.fr Catalogue : éditions du Centre Pompidou, 352 p., 49,99 ?.Une rencontre avec Soulages est organisée à la librairie Flammarion du Centre Pompidou le 17 octobre à 17 heures.À voir, également, « Rétrospective Soulages », à la galerie Pascal Lansberg. Du 15 octobre au 14 novembre. Tel : 01.40.51.84.34.Soulages, l'?uvre au noirSa cousine, désormais âgée d'une centaine d'années, en rit encore. Car nul, chez les Soulages, n'a oublié ce jour de 1927 à Rodez où l'on demanda au petit Pierre, alors âgé de 9 ans, ce qu'il comptait faire de son pinceau trempé dans de l'encre noire. « Je veux dessiner la neige », répondit l'enfant. Éclat de rire général. « Les couleurs ne m'intéressaient pas, raconte Pierre Soulages, à la veille de la rétrospective que lui consacre le Centre Pompidou. On avait beau m'offrir des crayons, je continuais à tracer des traits noirs. Au fond, j'ai toujours été amoureux du noir. »PuissanceRien n'a changé depuis. Sauf que le peintre, aujourd'hui considéré comme le plus grand représentant de la scène artistique française, celui dont les pièces pulvérisent des records en salle des ventes, a construit au long de ces soixante dernières années une ?uvre puissante, unique, qui dépasse la peinture. Car l'homme travaille la lumière plus que l'huile ou l'acrylique. Pour proposer au final une véritable expérience physique avec la toile.En 1947, déjà, lorsque Soulages débarque au Salon des indépendants, il crée l'événement. Son ?uvre n'appartient à aucune école, comme celle ? vieillissante ? de Paris, puisqu'il opte d'emblée pour l'abstraction. Mais pas question de le caser chez les tenants de l'abstraction lyrique. Ses toiles sont sombres, totalement dégagées du sujet, dominées par le noir, composées de lignes droites, ou brisées mais néanmoins tracées de manière vigoureuse avec une large brosse. Il travaille à l'huile mais aussi au brou de noix ou encore au goudron sur des plaques de verre.Au fil des ans, sa peinture s'épure, approche la rigueur de l'art roman. Son geste est de plus en plus ample, ses formats de plus en plus grands. Dans les années 1960, il abandonne le pinceau pour la spatule et le couteau dont il écrase la matière ou dont il se sert pour gratter le noir afin de révéler des couleurs enfouies aux abords de la toile.En 1979, c'est la révolution. « J'étais en train de rater un tableau, se souvient le peintre. Après m'être longtemps acharné dessus, je suis allé dormir. Quand j'y suis revenu, je me suis aperçu que ce n'était pas le noir qui faisait l'?uvre mais les reflets de la lumière sur les surfaces. » Ainsi est né l'« outre-noir », qui a poussé le peintre à recouvrir ses toiles d'une épaisse couche de peinture noire tout en variant les modes d'application. De larges aplats lisses voisinent avec des surfaces striées dont les sillons accrochent la lumière, la font danser ou la suspendent dans les airs.Coté à la hausseChose étrange, l'?uvre de Soulages s'est longtemps vendue pour une bouchée de pain alors que ses homologues anglo-saxons atteignaient les sommets en salle des ventes. Jusqu'à ce que Sotheby's s'en mêle. « C'est pour nous capital de valoriser la cote des grands artistes contemporains français », expliquait Grégoire Billault, vice-président de Sotheby's Paris, directeur du département art contemporain à Paris, lors d'une conférence organisée au Tokyo Art Club en partenariat avec « La Tribune ». En juillet 2006, un tableau estimé entre 300.000 et 400.000 euros s'est vendu 1.199.200 euros (frais compris) chez Sotheby's. En décembre dernier, alors que le marché de l'art avait déjà été atteint par la crise, autre record. Un grand tableau estimé entre 800.000 euros et 1.200.000 euros est parti pour 1.520.750 euros (frais compris). Ces deux ?uvres avaient été réalisées entre 1956 et 1959. « C'est la période la plus recherchée et donc la plus chère, probablement parce que ce sont les premiers tableaux dans lesquels le traitement de la lumière est aussi incroyable », souligne Grégoire Billault. Les ?uvres de la période « outre-noir » sont plus abordables. Les plus petites se vendent à partir de 40.000 euros et cela peut aller jusqu'à 300.000 euros. C'est donc vers les papiers qu'il faut se tourner avec un budget plus restreint. On trouve des pièces à partir de 15.000 euros mais aussi des lithographies tirées à 50 exemplaires dans les 2.000 euros. Yasmine Youssi
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.