La France peine à attirer et à retenir les meilleurs cerveaux mondiaux

Sus aux idées reçues alarmistes. La fuite des cerveaux français, en particulier aux Etats-Unis, reste finalement limitée (moins de 2 % des chercheurs hexagonaux ont traversé l'Atlantique). De plus, loin d'être négative, elle est aussi le signe que la France participe pleinement au mouvement de mondialisation de la connaissance. Elle peut donc être un atout, si tant est que la France se donne les moyens de faire revenir ces chercheurs et surtout d'attirer elle aussi des pointures étrangères. Or, ce n'est pas le cas, constate un rapport sur « Les expatriés de l'enseignement supérieur français aux Etats-Unis », que l'institut Montaigne a pubié mardi.Manque de statistiquesLes raisons ? « La notion de fuite des cerveaux reste floue. Il y n'a pas de statistiques, notamment sur les flux sortants », déplore l'auteur de l'étude, Ioanna Kohler, directrice des programmes de politique sociale à la French-American Foundation U.S. à New York. Conséquence : impossible de recenser ces chercheurs et donc de mener des actions ciblées à leur encontre. Si l'expatriation des cerveaux français aux Etats-Unis reste inférieure à celle des autres pays (voir graphique), elle s'accélère (les chercheurs représentaient 27 % des expatriés français aux Etats-Unis en 1996-2006 contre 8 % en 1971-1980). Surtout, ces chercheurs sont souvent les meilleurs et... ils ne reviennent pas (le phénomène est encore plus marqué pour les 120 qui obtiennent chaque année leur doctorat outre-Atlantique). Car une fois partis, ils n'ont plus accès aux informations. « Faute de réseau dans l'Hexagone, ils ont l'impression d'un système opaque et favorisant le localisme. Par ailleurs, le doctorat est peu reconnu en France », remarque Ioanna Kohler. Autre lacune, l'absence des universités françaises sur le « job market » des chercheurs. Quant aux mesures lancées depuis 2007, elle restent limitées (25 retours post-doc par an, 130 chaires d'excellence sur 2009-2010). Des freins qui empêchent aussi la France d'attirer les grands chercheurs étrangers, ceux-ci étant confrontés en sus à d'autres obstacles : rémunération, lourdeurs administratives, difficultés d'insertion du conjoint...Saluant les récents efforts du gouvernement (autonomie des universités, grand emprunt...), le rapport formule donc 12 propositions visant à mieux recenser ses chercheurs expatriés ainsi que les étrangers formés en France, à les démarcher (communication, publication d'offres d'emploi dans des revues tel le « Times Higher Education », etc.), à faciliter le retour ou l'installation en France ainsi qu'à promouvoir la mobilité transatlantique réciproque.
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