Le coton bio indien résiste à la crise de l'habillement

Le cours du coton s'emballe. Depuis mars, l'indice Cotlook A a grimpé de 40 %. La bonne nouvelle est parvenue jusque dans la vallée de Narmada, située en plein c?ur de la ceinture du coton du Madhya Pradesh, un État du centre de l'Inde. Parmi les plus enthousiastes figurent les 8.700 cultivateurs affiliés au réseau de commerce équitable et bio de la société Remei, détenteur du label bioRe. Cette entreprise suisse forme ces paysans pour qu'ils se convertissent à la culture bio, leur achète leur récolte chaque année et, surtout, leur accorde une prime de 15 % environ par rapport au cours local du coton. Les revenus de la saison 2009 s'annoncent au plus haut. Mais la hausse des prix du coton s'explique par une sous-production mondiale. Tous les pays producteurs sont concernés, dont la Chine et l'Inde. En août, le CAB (Cotton Advisory Board) tablait encore sur une production annuelle de 30,5 millions de balles en Inde, soit une progression de 5 % par rapport à 2008. Il n'en sera rien. Alors que la récolte a débuté en septembre pour trois mois, les prévisions tablent désormais sur un repli de 10 % à 15 % de la production dans certaines régions d'Inde, dont le Punjab. La sécheresse a fait son travail de sape. « Dans le Madhya Pradesh, la mousson a été erratique. Et les champs n'ont pas pu être irrigués à cause des pannes d'électricité pendant un mois et demi », rapporte Rajeev Baruah, directeur général de bioRe en Inde. Résultat : la récolte de fibre de coton devrait être, au mieux, analogue à celle de 2008, estiment les cultivateurs de bioRe. Soit environ 2.000 tonnes.engouementEt ce n'est pas le seul frein au secteur. L'industrie indienne de l'habillement est à la peine. « Les usines tournent au ralenti. Beaucoup ferment », rapporte Denis Germain, patron de Birdy Exports, fabricant indien d'habillement. Les exportations d'habillement ont chuté de 7,3 % entre avril et septembre 2009, par rapport à la même période de 2008, selon l'organisation consulaire Apparel Export Promotion Council. L'Inde subit ici de plein fouet le repli mondial de la consommation. BioRe n'y a pas échappé. « Les distributeurs sont désormais plus prudents », admet Peter Tschannen, directeur général de Remei, qui fournit entre autres la chaîne suisse Coop et l'allemand Rewe. Mais peu importe. L'engouement des consommateurs pour le coton bio est une tendance de fond. L'association américaine Organic Exchange estime que, en 2010, les ventes au détail de produits en coton biologique au niveau mondial devraient allègrement franchir la barre des 5 milliards de dollars (3,3 milliards d'euros), contre 4 milliards cette année. « Cette tendance n'est pas près de s'évanouir », assure Peter Tschannen. « Notre jean en coton bio se vend aujourd'hui bien mieux que nos jeans en coton standard ! » confirme Lillian Rosas, directrice textile de Monoprix. À tel point que l'enseigne promet de revenir, en 2010, à un niveau de commandes analogues à celui de 2008. Le tout après un goût de trop peu en 2009 (voir ci-dessous). « C'est une autre bonne nouvelle pour les fermiers affiliés à BioRe », conclut Peter Tschannen. À condition que les prix au détail de ses articles atypiques ne dérapent pas?
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