Deinove crée un nouveau biocarburant

énergieLa bactérie « Deinococcus radiodurans » aura-t-elle la peau de « Saccharomyces cerevisiae », plus connue sous le nom de levure de bière ? C'est le pari de la jeune PME Deinove, qui vient d'obtenir 6 millions d'euros d'Oséo, en subventions et avances remboursables. De quoi l'aider à financer le projet Deinol, dont elle est chef de file, et qui représente un investissement total de 21,4 millions d'euros. Ce projet, porté par Tereos (le groupe coopératif maison mère de Béghin-Say et leader de la production d'éthanol) et plusieurs laboratoires de recherche français, vise à préparer l'arrivée de biocarburants de deuxième génération en utilisant les installations existantes, sans investissements majeurs. Et ce, en rompant avec le paradigme de la production d'alcool à partir de levure de bière.Les biocarburants de première génération, qui utilisent céréales et cultures sucrières, sont accusés de faire flamber les cours des denrées alimentaires. Ceux de deuxième génération utiliseront des plantes entières, des cultures dédiées, de la sylviculture ou des déchets. Mais ils nécessitent de lourds investissements et ne seront pas prêts à temps pour que l'Europe remplisse son objectif de 10 % de biocarburants en 2010.utiliser l'enveloppeDeinove est née en 2006 de la rencontre entre le chercheur croate Miroslav Ramdan, connu pour ses travaux de réparation de l'ADN, et Philippe Pouletty, fondateur de la société de capital-risque Truffle Venture. Elle propose de s'approcher de la deuxième génération « en changeant non pas les substrats, mais les ?process?, explique son directeur général Jacques Bitton. Notre politique des petits pas permet, par exemple pour le blé sur lequel se concentrent nos recherches, d'utiliser aussi l'enveloppe et plus seulement la graine ». Ce qu'il baptise « biocarburants de génération 1.5 ». Comparée à la levure de bière, la bactérie « Deinococcus radiodurans » permet de travailler à haute température, ce qui améliore nettement le rendement et le bilan environnemental de l'opération.Avec le soutien d'Oséo, la PME pourra renforcer son équipe et changer d'échelle, mais aussi acquérir une reconnaissance industrielle dont dispose déjà Tereos. La coopérative fournit les substrats et les spécifications, et testera Deinol in situ à Lillebonne, près du Havre, avant de le valider pour un déploiement industriel. Verdict attendu fin 2012. Si les résultats sont concluants, Deinove table sur une vingtaine d'usines en 2020, soit une production annuelle de 300.000 tonnes et un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros. Ses dirigeants misent sur un doublement du marché du bioéthanol dans les dix ans. Dominique Pialot
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