« La zone euro ne va pas éclater »

Bruno cavalier, Chef économiste chez Oddo SecuritiesAprès la Grèce, l'Espagne devient un sujet d'inquiétude avec sa mise sous surveillance négative par Standard & Poors ? N'y a-t-il pas là un risque de contagion dans la zone euro ?Non car ce sont deux situations très différentes. D'abord, les deux économies ont des notes très différentes. L'Espagne conserve une note positive d'AA+, contrairement à la Grèce. Ensuite, elles ne pèsent pas le même poids. Enfin, il faut rappeler que la situation des finances publiques en Espagne était bonne avant la crise, contrairement à celle de la Grèce. Pour l'Espagne, c'est un modèle de développement économique qui est remis en cause, fondé sur un crédit généreux qui a alimenté la consommation et l'investissement dans l'immobilier durant deux décennies, Il faudra une décennie pour changer de modèle économique et réduire l'endettement des ménages. Plus généralement, quand on analyse la situation d'un pays, ce n'est pas tant le poids de la dette en pourcentage du PIB qui importe que le rapport entre intérêts de la dette et recette fiscales. Dans ce cas, la Commission européenne prévoit, pour 2011, 8 % pour l'Espagne et 16 % pour la Grèce, et 6 % à 7 % pour la France. Ce ratio exprime la façon dont une économie encaisse le choc de la crise, et surtout sa capacité à lever de la dette sans que soit pénalisée son économie.N'y a-t-il pas un risque d'éclatement pour la zone euro ?Non, je ne le crois pas. Malgré les similitudes, il ne faut pas généraliser à l'ensemble de la zone. Il y a bien l'Irlande, mais, comme la Grèce, c'est une petite économie de la zone. Le vrai problème est que la Grèce n'a jamais fait les efforts nécessaires pour respecter les critères de Maastricht, et l'Union européenne n'a pas été stricte sur ce point. Si Athènes se trouvait un jour dans l'impossibilité d'accéder au marché international pour emprunter, l'UE prendrait à sa charge ce besoin de financement en fixant évidemment des conditionnalités pour permettre au pays de passer le cap. L'architecture de l'UE n'est peut-être pas parfaite, mais le risque d'éclatement est quasiment nul. Si le système n'était pas robuste, il n'aurait pas tenu avec les crises qu'il a traversées depuis deux décennies.Et les effets sur l'euro ?Pendant un certain temps, il pourrait subir un effet négatif, comme par exemple d'arrêter de s'apprécier. Mais devrait-on s'en plaindre dans les économies européennes ?Propos recueillis par Robert Jule
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