Nokia mise fortement sur les pays émergents

Nulle évocation de la crise ni de la reprise économique, dans le discours prononcé vendredi matin par Olli-Pekka Kallasviuo, lors du Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas. Le directeur général de Nokia a consacré sa présentation aux vraies opportunités offertes par les marchés émergents, aussi bien des zones industrialisées que des régions où l'agriculture est le seul moyen de subsistance. Si les perspectives des premières sont connues et plutôt alléchantes pour les constructeurs occidentaux, « le qualificatif émergent n'est pas approprié pour certaines zones de la Chine et de l'Inde, souligne le dirigeant du leader mondial de la téléphonie mobile. La situation est beaucoup plus complexe ».Du coup, pour appréhender cette complexité, Nokia expédie des anthropologues dans les coins les plus reculés de la planète pour apprendre les usages locaux de la téléphonie mobile. Jan Chipchase, un ingénieur de Nokia, sillonne ainsi le monde pour recueillir des informations. Si les enseignements sont nombreux, les questions le sont tout autant. « Selon les Nations unies, plus de 800 millions de personnes dans le monde sont analphabètes. Or certaines d'entre elles sont nos clients. Il faut être sûr qu'elles pourront bien utiliser des téléphones dont l'interface est alphanumérique », indique-t-il.potentiel de croissanceDans ces contrées, la débrouillardise donne lieu à des innovations difficiles à imaginer dans les pays développés : une station de recharge de batteries en Afrique, un système qui associe deux cartes SIM pour changer rapidement d'opérateur. En Inde et en Afrique, les gens se groupent pour acheter un téléphone d'entrée de gamme comme le Nokia 1616 et payer l'abonnement à un service téléphonique. L'utilisation ? Obtenir des informations pertinentes sur le prix de denrées agricoles ou de produits manufacturés.Distancé dans certains pays développés, comme en France, par le succès de l'iPhone, Nokia mise clairement sur les pays en développement, où la croissance de la téléphonie mobile est bien plus forte. Déjà, l'Afrique, l'Amérique latine et la Chine pèsent quasiment autant dans son chiffre d'affaires que l'Europe. « En Chine, plus de 7 millions de personnes ont accès à Internet par un téléphone portable sans jamais avoir possédé un micro-ordinateur », rappelle Olli-Pekka Kallasviuo. Résultat, quel que soit le niveau de revenus des particuliers, le développement du mobile est remarquable. « La planète compte 4,6 milliards d'abonnés à la téléphonie mobile, mais il n'y a que 1,6 milliard de comptes bancaires dans le monde », note le patron de Nokia. L'an dernier, le groupe a lancé Nokia Money pour développer le marché des services bancaires sur mobile.Le directeur général de Nokia s'intéresse aussi au courrier électronique. « Environ 75 % de la population mondiale n'ont pas accès à l'e-mail. Cependant, plus besoin d'avoir un PC pour ouvrir un compte de messagerie. Notre solution OVI Mail permet de se lancer en quelques minutes », indique Olli-Pekka Kallasviuo. Environ 5 millions de personnes ont signé pour ce compte OVI Mail. De la philanthropie ? Pas du tout. Et de préciser que vendre un service e-mail 1 dollar par mois à 700 millions de personnes est financièrement très intéressant pour Nokia. Si on y ajoute d'autres applications du même calibre, le potentiel n'est pas à dédaigner. Pour l'exploiter, Nokia emploie 300.000 développeurs d'applications à Palo Alto et à Bangalore. « On peut faire de bonnes affaires tout en faisant le bien », conclut Olli- Pekka Kallasviuo. Un discours rafraîchissant. n Lire également page 31
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