« Les marchés financiers pourraient nous tuer »

STRONG>Enikö Györi Ministre des Affaires européennes de HongrieAlors qu'elle préside l'Union européenne jusqu'en juin prochain, la Hongrie est sur la sellette en Europe pour sa nouvelle taxe sur l'énergie, les télécoms, la distribution et les banques qui provoque la colère de grands groupes étrangers comme Axa, EDF, GDF Suez, Vinci, Auchan, E.ON ou Deutsche Telekom. Comment justifiez-vous cet « impôt de crise » ?Nous n'avions pas le choix. Le précédent gouvernement a menti sur les chiffres en promettant à la Commission européenne un déficit de 3,8 % en 2010 alors qu'il était en réalité de 7 %. Nous avons donc dû prendre ces mesures extraordinaires, certes lourdes mais en aucun cas discriminatoires. Les marchés pourraient nous tuer mais lorsqu'un pays parvient à réduire ses déficits, c'est toujours très bien reçu. Lorsque nous avons émis des emprunts d'État hongrois, ils ont été achetés. Voilà pourquoi nous n'avons plus besoin de l'aide du FMI. La réduction de notre dette, qui est actuellement de 80 % du PIB, est la première priorité du gouvernement Orban. Pour la ramener à 73 % d'ici à 2014, nous avons déjà, dès 2010, retiré un mois de salaire aux fonctionnaires et un mois de pension aux retraités, la TVA a augmenté de 20 % à 25 %, l'âge du départ en retraite est passé de 62 à 65 ans. Comme vous le voyez, nous ne faisons pas que surtaxer les entreprises étrangères...Bruxelles a néanmoins ouvert une enquête pour déterminer si cette taxe est discriminatoire. Ne craignez-vous pas d'effrayer les investisseurs étrangers?Si nous avions souhaité viser spécifiquement les entreprises étrangères, nous aurions taxé le secteur automobile qui, lui, est à 100 % étranger. L'objectif du Premier ministre n'est pas de surtaxer l'industrie manufacturière mais plutôt les services. Les banques, par exemple, ont toujours été très profitables en Hongrie, plus qu'en Europe de l'Ouest. Malheureusement, du fait de notre lourd passé, nos consommateurs manquent de confiance et sont encore trop tolérants. Voilà pourquoi les frais bancaires sont plus élevés chez nous et les banques font de forts profits et continuent à en dégager, malgré ces taxes élevées. Dans cette période difficile, nous demandons à ces secteurs une plus grande contribution, à titre provisoire. J'espère sincèrement que cela ne découragera pas les investisseurs. Après tout, ce que veulent les firmes, c'est la sécurité de leurs investissements. C'est ce à quoi nous travaillons.Propos recueillis par Yann-Antony Noghès, à Budapest
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