La suprématie du dollar, pomme de discorde entre Obama et Sarkozy

Au cours de leur entretien d'une heure, suivi d'un déjeuner de travail lundi à Washington, Nicolas Sarkozy et Barack Obama ont, chacun sous le choc, respectivement de la tuerie en Arizona et de la mort de deux otages français au Niger, parlé lutte contre le terrorisme. Mais pour le président tricolore, il s'est surtout agi de sonder, voire de rallier Barack Obama à sa feuille de route pour la présidence française du G8 et du G20 : la lutte contre la volatilité des prix des matières premières, l'amélioration de la gouvernance mondiale et la réforme du système monétaire international.Reste que les États-Unis ont leurs propres priorités qui ne sont pas forcément compatibles avec l'agenda français. Paris a beau plaider avec toutes les précautions de langage, pour un ordre monétaire mondial moins soumis à la volatilité du dollar, Washington est tenté, au mieux, d'écouter poliment, au pire de camper sur la fameuse position de John Connelly, le patron du Trésor sous Nixon « it's our currency, and your problem » (« c'est notre monnaie et votre problème »). « En l'absence d'une nouvelle crise (sic), il n'y a pas d'urgence pour les États-Unis à reconsidérer un système monétaire mondial centré sur le dollar » relève un économiste à Washington. C'est donc avec une certaine réserve que l'Administration Obama accueille les propositions de l'Élysée. D'autant que demander à Barack Obama de renoncer à la suprématie du dollar, accusée de rendre le reste de la planète par trop dépendante du bon vouloir des États-Unis, c'est l'enjoindre de reconsidérer les fondements même de sa politique économique. Celle-ci repose essentiellement sur la dette et la planche à billets que la Fed entend bien faire tourner comme bon lui semble. 100.000 créations d'emploisLe dollar est bas ? Tant mieux pour les exportateurs américains, et partant, pour l'emploi relève t-on de l'autre coté de l'Atlantique. « 100.000 emplois ont été créés en décembre, ramenant le taux de chômage à 9,4 % , je ne vois pas la Maison-Blanche changer de cap maintenant » poursuit ce même économiste. « La Chine est sortie renforcée de la crise, il faut adapter le nouvel ordre monétaire mondial au nouvel ordre économique », explique t-on dans l'entourage du Président français, ajoutant « vouloir encourager le développement international d'autres monnaies, notamment le yuan ». De quoi hérisser le Congrès américain, phobique sur le sujet.Quant à contrôler la hausse du prix des matières premières, Obama l'humaniste, n'a pas les coudées franches sur ce sujet depuis son revers lors des élections de mi-novembre. L'un de ses objectifs est de se réconcilier avec les milieux d'affaires américains. Pour ce faire, il vient de nommer William Daley, ancien dirigeant de JP Morgan, comme secrétaire général de la Maison Blanche. Or, il y a un mois, la banque reconnaissait avoir massivement spéculé sur le cours des matières premières, en particulier le cuivre.
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