Les stocks de blé français seront bientôt au plus bas

Habituellement, les négociants en blé se battent pour exporter du blé français. De bonne qualité, mais plutôt cher et compliqué à charger puisque les lieux de production ne sont pas toujours proches d'une voie d'eau, la céréale française n'est pas la plus convoitée. Cette année, c'est tout le contraire : les cargaisons de blé français s'arrachent comme des petits pains depuis le mois de septembre. Selon Xavier Rousselin, responsable des grandes cultures chez FranceAgriMer, « 7 millions de tonnes ont été exportées hors de l'Europe à fin décembre, c'est énorme ». Au total, l'organisme prévoit des exportations de blé de 11,5 à 12 millions de tonnes cette année, soit un tiers de la production (35,7 millions de tonnes). Un record, qui s'établirait de surcroît sur une période de temps réduite. « D'ici la fin mars, la campagne sera terminée, il n'y aura plus rien à exporter », assure l'expert. D'autant que les émeutes en Algérie risquent d'inciter le pays à acheter encore plus de blé à la France. Le gouvernement algérien souhaite aujourd'hui approvisionner tous les moulins du pays jusqu'à la saturation pour éviter de nouvelles tensions sur les prix ; or l'ex-colonie s'est quasiment exclusivement approvisionnée en France cette année, et tient même le rang de premier importateur avec 2 millions de tonnes de blé tendre et 31.000 tonnes de blé dur achetées depuis cet été. Soit plus que l'Égypte, premier importateur mondial de blé.En fin de campagne, la France devrait a priori se retrouver avec tout juste 2 millions de tonnes de blé de stocks ; soit un niveau très faible, en recul de 40 % par rapport à celui de l'année dernière. Et alors même que les États-Unis auront 23 millions de tonnes de stocks...Raisons géographiquesAprès le rush des pays tiers, les consommateurs locaux comme les industriels et les petits meuniers risquent de se retrouver Gros-Jean comme devant. « Il n'y aucune raison pour que les prix baissent d'ici la prochaine récolte », assure Xavier Rousselin. La céréale a franchi un nouveau record depuis 2008, à 253 euros par tonne ce lundi, soit 325 dollars, sur le Nyse-Liffe, où elle se traite nettement plus cher qu'à Chicago (286 dollars). La préférence pour le blé français s'explique surtout pour des raisons géographiques : les principaux pays importateurs se trouvent en effet en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient. Aline Robert
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