Les beaux engagements de 2008 ont fait long feu

En 2008, les émeutes de la faim en Haïti, au Mali ou en Égypte avaient suscité une légitime émotion des pays riches. Lors du G20 de L'Aquila, en Italie, les grandes puissances de la planète s'étaient engagées à mettre 20 milliards de dollars sur la table pour relancer la production agricole dans les pays en développement. Trois ans plus tard, les agriculteurs des pays pauvres attendent encore. Les seules avancées sont d'ordre... institutionnel !Le G20 s'était engagé à réformer le Conseil de sécurité alimentaire de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation (FAO) afin d'y intégrer de nouveaux acteurs (ONG, entreprises) et de lancer un « Groupe d'experts de haut niveau pour la sécurité alimentaire et la nutrition ». Ce groupe, créé le 3 septembre 2010, s'est réuni pour la première fois en octobre 2010. Il doit encore définir sa méthode de travail !Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a mis en place un groupe de spécialistes ayant pour mission de coordonner l'action des différents pays. « Le groupe compte une vingtaine de personnes mais ne dispose d'aucun moyen financier », souligne Bernard Bachelier, président de la Fondation Farm.La seule avancée est la création, le 22 avril 2010, d'un programme pour l'agriculture et la sécurité alimentaire au sein de la Banque mondiale. Le programme a été doté de 900 millions de dollars, dont 475 millions accordés par les États-Unis. L'idée est de financer des programmes agricoles dans les pays pauvres. « Mais on en est toujours au niveau des discussions avec les États qui bénéficieront de ces financements », s'agace Bernard Bachelier.Trois ans après les émeutes de la faim de 2008, la communauté internationale, malgré ses engagements, ne dispose d'aucun instrument pour prévenir une hausse trop rapide des prix des produits alimentaires et prévenir ses conséquences. La France, qui a pris la présidence du G20, réussira-t-elle à mobiliser ses partenaires sur le sujet ? Nicolas Sarkozy a en effet fait de la lutte contre la volatilité des prix des matières premières l'une des priorités de son G20.Garde-fousLa France travaille actuellement dans quatre directions : 1/améliorer les statistiques disponibles ; 2/développer l'information sur le fonctionnement des marchés ; 3/mieux encadrer les marchés à terme pour contenir la spéculation et 4/créer un groupe de sherpas dans le domaine agricole capables de se concerter rapidement en cas de crise. Des mesures a minima, qui soulignent le flou qui règne sur les échanges de denrées agricoles, et notamment le manque criant de régulation des marchés financiers qui leur sont consacrés. Si les marchés américains bénéficient de garde-fous, par exemple des limites de positions pour un seul acteur, ou d'obligations déclaratives qui permettent de classer les intervenants par catégorie, ils sont bien les seuls. Les marchés européens du Nyse Liffe sont peu régulés. La seule initiative en cours, initiée par les acheteurs de cacao, lassés de voir les cours de la denrée manipulée, pourrait aboutir à une classification des intervenants sur les marchés du sucre, du café et du cacao. Les marchés parisiens du Nyse Liffe, sur le blé, le maïs ou le colza, ne sont pas concernés. X. H. et A. R.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.