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Alors que la neige tombe sur l'aéroport de Leipzig, à l'est de l'Allemagne, les premiers salariés arrivent sur le hub de messagerie express de DHL. Une gigantesque plate-forme en bout de pistes qui s'éveille dès la nuit. Même si la majorité des avions n'arrivera qu'à partir de 23 heures, certains vols ? notamment en provenance des États-Unis et d'Asie ? sont déjà là. Des Boeing flambant neufs qui assurent la liaison avec New York et Cincinnati, ou encore Hong Kong, Bahreïn, Singapour et New Delhi. Quant aux vols en provenance d'Europe, ils n'arriveront que plus tard dans la nuit.Dans l'entrepôt de 100 mètres de large sur 400 mètres de long, les salariés de DHL débarquent ainsi, dès 21 heures, les premiers containers de fret. Le rythme est encore calme même si le froid glacial saisit. Cependant, d'ici quelques heures, près de 2.000 personnes s'activeront au déchargement, au tri et au chargement de dizaines d'avions. L'enjeu est de taille pour DHL car ce ne sont pas moins de 1.000 tonnes de fret qui sont traitées chaque nuit avant de repartir vers leur destination finale. Par avion pour les États-Unis et l'Asie bien sûr, mais également pour l'Europe. Les navettes DHL desservent ainsi chaque nuit Bordeaux via Nantes, Marseille, Toulouse via Lyon, l'aéroport international de Bâle-Mulhouse et Luxembourg via Metz. Sans oublier trois dessertes quotidiennes de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Au total, 26 vols quotidiens transitent par Leipzig. Pour les destinations plus proches, DHL sous-traite auprès de transporteurs routiers, notamment pour l'Allemagne et les pays d'Europe centrale et de l'Est, mais aussi pour desservir certains pays le week-end, tels que l'Italie par exemple.Dès 22 heures, les avions commencent à arriver régulièrement et la piste est pleine aux alentours de minuit. Sur le tarmac, les convois de containeurs se multiplient et l'activité bat son plein dans le centre de tri. En entrant, on s'attend à un vacarme étourdissant, mais le niveau sonore incroyablement faible alors que 200.000 pièces (colis et enveloppes) transitent ici chaque nuit. Une fois les containeurs déchargés, l'ensemble des procédures de tri est automatisé. D'un côté les colis standards, de l'autre les formats un peu plus biscornus et enfin les enveloppes. Entraînée sur de gigantesques tapis roulants qui circulent sur trois niveaux, chaque pièce est scannée afin de garantir sa traçabilité pendant toutes les opérations. Pas moins de 60.000 pièces peuvent être traitées par heure, une capacité qui peut doubler en cas de pic d'activité.« Pour l'instant, les volumes sont stables, constate Michael Bosbach-Pelzer, directeur des opérations du hub de Leipzig. En centralisant notre nouvelle organisation autour du hub de Leipzig, nous avons pu réaliser des économies d'échelle dans le réseau et améliorer le taux de remplissage des avions en utilisant le poids maximum de fret par vol. » En effet, les containeurs sont remplis en vrac jusqu'au centre de tri de Leipzig, tandis qu'au retour le chargement est optimisé pour rentrer un maximum de pièces, quels que soient leurs tailles et leur volume. Un véritable travail d'artiste que réalisent les opérateurs qui ont entre deux heures et deux heures trente pour décharger, trier et recharger chaque containeur. terrains à bas prixDans une autre partie du bâtiment, une grande salle abrite « la tour de contrôle ». L'ambiance y est particulièrement calme alors que les opérateurs y organisent la rotation des avions, mais aussi la gestion des quais de chargement-déchargement. « Ici, on contrôle les avions, les containeurs, les colis, mais aussi la qualité de chaque équipe de déchargement, confirme Michael Bosbacher-Pelzer. C'est également ici qu'est vérifiée la qualité de remplissage de chaque vol pour que les chargements soient équilibrés. » En cas de problème sur un colis ou un containeur, une alerte s'affiche et les opérateurs peuvent alors réagir instantanément.Pourquoi avoir choisi Leipzig pour y installer son hub européen ? « Clairement pour le faible prix des terrains et la modicité des salaires », reconnaît Michael Bosbacher-Pelzer. Malgré la réunification de l'Allemagne, les salaires sont en effet nettement inférieurs dans l'ex-RDA à ceux pratiqués à l'Ouest. Quant aux prix des terrains, ils sont de 40 % inférieurs. Autre atout de la ville de Bach et de Goethe, l'autorisation contractuelle, pour trente ans, des vols de nuit sur l'aéroport. Une aubaine d'autant que les marchés à l'est de l'Europe sont en plein essor. Seul point noir qui devrait se résoudre dans les prochains mois : une meilleure utilisation du raccordement à la voie ferrée. Si les infrastructures sont en place, il manque encore des sillons horaires et une prise de décision de la Deutsche Bahn pour commencer.Béatrice Delamotte, à Leipzig
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