Ils étaient venus nombreux fin décembre assister aux Rencontres marketing et communication organisés par l'Ifec, Institut français des experts-comptables et commissaires aux comptes. Au menu de cette journée de conférences, la relation client. « Au lieu de raisonner ?produit?, les cabinets d'experts-comptables doivent aujourd'hui comme toutes les entreprises, mettre le client au c?ur de leur stratégie », lance Françoise Savés, la très dynamique présidente de l'Ifec. Stratégie, un mot, qui, il y a encore quelques années, n'avait pas sa place dans le vocabulaire d'une profession régie par un code très strict. « Les cabinets ont tous réussi leur révolution technologique, ils ont investi beaucoup d'argent dans l'outil de production, il leur faut désormais passer à l'étape suivante : réussir leur révolution culturelle, c'est-à-dire s'ouvrir aux techniques du marketing et de la communication », poursuit la présidente de l'Ifec. Une ouverture rendue possible par la réforme du code de déontologie de la profession.Depuis 2007, les experts-comptables ont en effet la possibilité d'engager des actions individuelles de communication et de publicité. « Grâce à cette réforme, nos clients, et notamment les dirigeants d'entreprise ? nous en touchons au sein de l'Ifec un million et demi ?, peuvent savoir de manière claire quels sont les avantages concurrentiels de tel ou tel cabinet », assure Françoise Savés, qui reconnaît cependant que certains des quelque 5.000 cabinets d'adhérents à l'association professionnelle n'ont pas vu cette libéralisation d'un bon ?il. « évangélisation »La communication incompatible avec le sérieux de la profession ? « Il existe une fracture générationnelle, mais celle-ci n'est pas propre à notre profession. Quoi qu'il en soit, nous poursuivons notre travail d'évangélisation et de pédagogie pour expliquer à nos confrères que le monde bouge autour d'eux et que rien n'est pire que l'immobilisme », commente Françoise Savés. D'autant que la concurrence, et notamment celles des banques, dispose d'un arsenal richement fourni pour démarcher les patrons de PME-PMI, premiers interlocuteurs des cabinets d'expertise-comptable. Pour autant, ces derniers savent qu'ils disposent d'un avantage certain face à la force de frappe de leurs concurrents : la proximité et les relations humaines. « Nous sommes le référent de proximité des patrons, c'est un acquis mais encore faut-il le faire savoir. Nous devons également regarder vers l'avenir pour déceler les marchés émergents, les poches de développement. Pour réussir, il nous faut tout à la fois intégrer de nouveaux outils et travailler l'attractivité de notre profession auprès des jeunes », avance la présidente de l'Ifec.Reste à savoir si cette révolution culturelle, et l'investissement nécessaire à sa réussite, ne risque pas de laisser certains cabinets au bord de la route. « Nous avons la chance de mener cette croisade à l'ère d'Internet, qui nous permet de mener des actions de communication avec des moyens très raisonnables au regard des résultats obtenus », observe Françoise Savés. Avant de rappeler que « pour être un dynamiseur de business, la communication se doit d'être vraie et sincère ». Une formule à méditer.Rita Mazzoli

latribune.fr

10 Jan 2010, 23:47

Partager :