La bataille pour les réserves argentines bat son plein

Des manifestants pour et contre le président de la banque centrale, face à face devant le siège de l'institut monétaire. Cette scène, inimaginable dans tout autre lieu de la planète, s'est déroulée à Buenos Aires. La « bataille pour les réserves » fait rage entre la présidente, Cristina Fernández de Kirchner, et le patron de la banque centrale, Martín Redrado. Le second a refusé de transférer 6,5 milliards de dollars (sur un total de réserves de 48 milliards) sur un compte du Trésor. La première lui en avait pourtant donné l'ordre, les 6,5 milliards devant constituer un fonds de garantie pour le paiement des échéances 2010 (12 milliards de dollars) de la dette extérieure. Objectif affiché : rassurer les marchés sur les capacités de paiement du pays, à quelques semaines du lancement d'une offre d'échange de titres pour les investisseurs ayant rejeté la restructuration de la dette souveraine de 2005. Mais pour Martin Redrado, comme pour la plupart des constitutionnalistes et l'ensemble de l'opposition, le décret signé par la présidente viole l'indépendance de la banque centrale et ses statuts, selon lesquels les réserves sont exclusivement destinées au soutien de la monnaie? La présidente lui a demandé de démissionner. Il a refusé. Elle l'a démis. Il a attaqué en justice. Vendredi, une juge, se prononçant en référé sur l'affaire, a suspendu le transfert des 6,5 milliards de dollars et rétabli Martín Redrado dans ses fonctions.Un double camoufletAprès ce double camouflet, le gouvernement a annoncé qu'il contre-attaquerait. Il n'est pas impossible qu'il gagne en appel. Mais le mal est fait. De nouveaux doutes ont surgi quant à la situation financière du pays. Pour beaucoup, la précipitation du pouvoir à vouloir mettre la main sur ces réserves laisse penser que ces 6,5 milliards seraient destinés à couvrir des besoins financiers plus urgents. Bilan de la man?uvre en tout cas : l'Argentine entame l'année avec une crise institutionnelle et politique imprévue? Jean-Louis Buchet, à Buenos Aire
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