2010, année de tous les dangers pour Barack Obama

Barack Obama aura beau, si tout va bien, promulguer d'ici quelques semaines une loi qui révolutionnera le système de santé américain pour des décennies, ce sont sans doute les mois prochains qu'il aura en tête. Car si l'année qui vient de s'écouler, marquée par la pire récession depuis les années 1930, a été un cauchemar pour l'actuel locataire de la Maison-Blanche, celle qui s'ouvre s'annonce tout aussi difficile. Alors qu'il aurait besoin du soutien de son électorat et des élus du Congrès pour solder l'héritage de la crise, dont un taux de chômage de 10 % et un déficit budgétaire de 1.400 milliards de dollars, il risque de perdre sa majorité à l'occasion des élections de mi-mandat, en novembre prochain. Déjà sa popularité affiche une érosion continue. De 68 % en janvier 2009, la courbe flirte aujourd'hui avec le seuil symbolique des 50 % selon certains sondages, descendant même, selon d'autres enquêtes, à 47 %. Certes, cette chute de popularité n'a rien d'exceptionnel : Ronald Reagan (44 % de popularité en 1982), Bill Clinton (46 % en 1994) ou George W. Bush (38 % en 2006) ont eux aussi connu une première année calamiteuse et raté le test des « mid-terms ». Or celui-ci revêt une importance stratégique : un échec pour Obama aux prochaines élections d'automne hypothéquerait en effet sa capacité à afficher, en fin de mandat, un bilan législatif digne de ce nom. dégringoladeOr face à la rupture historique qu'avait constituée sa victoire à la présidentielle, sa dégringolade dans les sondages semble encore plus vertigineuse. Une fois élu, ce stratège hors pair s'est très vite englué dans le bourbier de Washington. Trop brouillon sur certains dossiers ? comme celui de l'Afghanistan, où il accroît le nombre de soldats sur place tout en promettant de les faire revenir en 2011 ?, trop timoré sur celui de la santé, où il a préféré laisser les sénateurs démocrates transiger sur un système public d'assurance, trop timide face à Wall Street, où il n'a pas encore réussi à arracher une plus grande régulation financière : le président américain subit, depuis quelques semaines, des critiques venant du camp républicain, mais aussi de ses propres alliés?Reste à savoir si les démocrates réussiront à redynamiser leur base électorale pour se sortir de ce mauvais pas avant novembre. Historiquement, quand un président se voit créditer d'un taux de popularité inférieur à 50 %, il perd, à l'occasion des élections de mi-mandat, sa majorité au Congrès, en laissant échapper une moyenne de 16 sièges à la Chambre et parfois une poignée au Sénat. Les républicains ont déjà fait les comptes : étant donné le nombre de sièges actuellement détenus par les démocrates à la Chambre, ils devront en ravir 40 pour recouvrer leur ancienne majorité. Au Sénat, où 38 des 100 sièges seront remis en jeu cet automne, l'avance, déjà fragile, des démocrates s'est encore amoindrie depuis l'annonce, la semaine dernière, de la retraite programmée des élus démocrates.Certes, les démocrates disposent encore de quelques mois pour faire passer leurs arguments auprès de l'opinion publique : le président a évité le pire grâce au plan de relance ; le déficit, gigantesque, est en partie l'héritage de la précédente administration et la réforme de la santé est une vraie révolution. Mais même sur ces dossiers, il semble que les démocrates aient du mal à marquer des points auprès de leurs partisans, qui restent très sceptiques. Les républicains profiteront-ils, eux, de la colère des conservateurs ? Réussiront-ils à utiliser le déficit, le chômage, les problèmes de sécurité qui viennent de ressurgir, à leur avantage ? En tout cas, selon les études d'opinion, les électeurs républicains s'intéressent à 56 % aux élections de novembre 2010, contre 46 % pour les démocrates. Les premiers pourraient donc marquer des points face aux partisans d'Obama. Mais si les Américains se méfient maintenant du parti au pouvoir ? ils ne sont que 35 % à avoir un sentiment positif vis-à-vis des démocrates ?, ils ne sont pas prêts à embrasser l'opposition pour autant. Seulement 28 % d'entre eux ont une vision positive des républicains?
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