Le capital-investissement européen au régime sec

Le rétrécissement de l'industrie du capital-investissement se confirme en Europe. Les chiffres publiés mercredi par l'EVCA (European Private Equity & Venture Capital Association) lors du Forum annuel des investisseurs sont éloquents : en 2009, le montant des investissements a reculé de 61% par rapport à 2008, à 21 milliards d'euros. Une chute brutale, qui prend toute son ampleur à la lumière des chiffres d'avant la crise : en 2007, au plus fort de la bulle, les fonds avaient dépensé quelque 72,2 milliards d'euros. Comme en 2008, ce repli a été largement provoqué par l'effondrement des opérations de LBO (rachat avec un recours à l'emprunt). La faiblesse du financement bancaire, remplacé à la marge par la dette obligataire à haut rendement (« high yield »), a largement contribué à assécher le marché. Et notamment celui des « mega LBO » de plus d'un milliard d'euros. L'an dernier, seules trois opérations de cette envergure ont été conclues en Europe. Dans l'attente d'un retour à la normale, les fonds de LBO ont opéré un virage stratégique et se sont résignés à réaliser des opérations plus petites, voire à racheter des entreprises sans effet de levier. Car le temps presse : les souscripteurs des fonds exercent une forte pression pour que leur argent soit rapidement investi. Sous peine de voter avec leur porte-monnaie lors de la levée de fonds suivante en s'abstenant d'y participer. Une épée de Damoclès d'autant plus menaçante que la collecte de capitaux est devenu un art difficile : en 2009, seuls 13 milliards d'euros ont été levés, contre 82 milliards en 2008.Toutefois, la déprime sur le marché du LBO n'a pas affecté tous les acteurs du private equity. Ainsi, le nombre d'opérations de capital-développement a bondi de 23% en 2009. En outre, « malgré un niveau d'incertitude économique inconnu depuis longtemps, les fonds de private equity et de capital-risque ont financé environ 2.000 entreprises qui étaient soit en amorçage, soit récemment créées », signale Javier Echarri, le secrétaire général de l'EVCA. traverser la tempêteLe financement des jeunes entreprises ou de PME en croissance reprend ainsi du terrain face au LBO, hégémonique entre 2005 et 2007. Une nouvelle illustration, selon Javier Echarri, du rôle majeur joué par le capital-investissement dans l'économie. Et de souligner qu'environ la moitié des sommes dépensées en 2009 par les fonds ont été consacrées au soutien des entreprises de leur portefeuille : « Les fonds de private equity ont consacré l'année 2009 à s'assurer que leurs sociétés puissent traverser la tempête économique et sortir de la récession en bonne posture. » à ce jour, plus de 25.000 entreprises européennes sont accompagnées ou détenues par un fonds d'investissement. n Le financement des jeunes entreprises ou de PME en croissance reprend du terrain face au LBO.
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