Partage de la valeur ajoutée : le patronat fait de la résistance

Le 15 février, lors du sommet social, Nicolas Sarkozy donnait trois mois aux partenaires sociaux pour négocier sur le partage de la valeur ajoutée, faute de quoi le législateur interviendrait. « Le temps est venu pour les entreprises d'aborder la question du profit avec leurs salariés. Les Français ne comprendraient pas que l'on n'avance pas », avait-il indiqué aux leaders syndicaux et patronaux qu'il recevait à l'Elysée.Ce coup de semonce n'est pas le premier du genre. Déjà, le 18 février 2009, lors du premier sommet social, le chef de l'Etat avait menacé de légiférer, si les partenaires sociaux restaient inactifs sur ce sujet qui lui est cher. Mais après le rapport Cotis sur le sujet, rien n'avait bougé. Et les choses n'avancent pas beaucoup encore cette fois, tant le sujet fait l'unanimité contre lui au sein des organisations patronales.La question a été abordée mercredi dans le cadre de la délibération sociale sur la modernisation du dialogue social. Conformément au souhait de Laurence Parisot, la présidente du Medef, la délibération se transformera en une véritable négociation sur les institutions représentatives du personnel (IRP), à savoir les comités d'entreprise, les comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), les délégués du personnel ou les délégués syndicaux. Avec un rendez-vous prévu le 8 avril. « Depuis décembre, nous voulons transformer cette délibération en négociation. Ce sont les organisations syndicales qui, à chaque fois, n'ont pas voulu », précisait la patronne du Medef le 16 février devant la presse.C'est donc dans le cadre de cette négociation sur la réforme des IRP que sera donc évoquée la question du partage des profits. « Il était important d'entrer dans le sujet mais le partage de la valeur ajoutée est un thème parmi d'autres comme la politique d'investissement ou la formation que l'on doit évoquer à partir de l'anticipation des projets de l'entreprise », relativise-t-on dans l'entourage du Medef. Un pas très timideOn est tout de même très loin de la commande du chef de l'Etat et des aspirations des salariés et de leurs représentants. Rappelons qu'initialement, Nicolas Sarkozy avait souhaité que les bénéfices soient partagés en trois tiers - salariés, actionnaires et investissements. L'hostilité des organisations patronales avait conduit le gouvernement à renoncer à cette répartition. En plaçant, ce sujet du partage de la valeur ajoutée dans la corbeille de la réforme des IRP, le Medef fait mine de faire un pas dans la direction voulue par Nicolas Sarkozy. Un pas très timide et dont on ne sait quand il aboutira sur quelque chose de concret (il s'agirait seulement d'informer mieux les salariés). Une manière de jouer la montre pour éviter les foudres du gouvernement et une loi.
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