Lady Ashton, la voix en sourdine de l'Europe

à l'occasion de son 100e jour à la tête de la diplomatie européenne, Catherine Ashton a voulu montrer mercredi aux eurodéputés qu'elle avait de la personnalité. Alors que la création d'un poste de ministre européen des Affaires étrangères figurait parmi les avancées les plus spectaculaires du traité de Lisbonne, les Européens ont vu arriver une Britannique inexpérimentée, effacée et peu encline à consacrer ses week-ends à sa tâche. Ce qui lui a valu un feu de critiques nourri. prise de conscienceMais la déception et l'impatience cèdent à présent la place à la prise de conscience de la difficulté de sa mission. « Je vous admire d'avoir accepté ce poste », lui a lancé l'eurodéputée belge Annemie Neyts. Ecartelée entre les différentes exigences des capitales, les intérêts de la Commission et les attentes du Parlement, Catherine Ashton est attendue partout à la fois. Son choix de ne pas se précipiter en Haïti a été vivement critiqué, tout comme son absence à plusieurs réunions européennes. « Mon problème, c'est que je n'ai pas encore appris à voyager dans le temps », s'est-elle justifiée avec humour. En plus de devoir gérer les crises, elle doit concevoir l'architecture d'un ambitieux service diplomatique, la plaçant au centre de nombreuses disputes : « L'Europe est en train de construire quelque chose de nouveau dans lequel les gens doivent ajuster leurs schémas intellectuels et les institutions doivent trouver leur place », a- t-elle expliqué. Esquissant sa vision des relations internationales, Catherine Ashton a appelé les eurodéputés à « prendre conscience de l'impact géopolitique de la crise financière. Les dettes sont en Occident et les surplus en Orient. Et cette redistribution du pouvoir financier façonne les discussions politiques ». Lady Ashton de souligner : « Ce n'est pas le moment d'être sur pilotage automatique ou de s'accrocher à la défense étriquée des visions nationales. » Elle a prévu de se rendre au Moyen-Orient la semaine prochaine. « On jugera Mme Ashton à l'aune de l'utilisation du service diplomatique qu'elle n'a pas encore à sa disposition aujourd'hui », déclare le secrétaire d'état belge aux Affaires européennes Olivier Chastel. Ce n'est qu'à ce moment qu'elle aura les cartes en main pour devenir la voix de l'Europe dans le monde. « Il ne faudra pas qu'elle soit juste la 28e diplomate de l'UE », prévient l'eurodéputé Alain Lamassoure. Yann-Antony Noghès, à Strasbourg
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.