Victime de cyberattaques, Safran impose un contrôle de tous ses systèmes

Le tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) a ouvert une enquête judiciaire sur des soupçons d'espionnage industriel au préjudice de Turbomeca, filiale du groupe Safran, a révélé samedi « Le Monde ». « Pendant huit mois, de janvier à septembre 2010, une attaque de grande ampleur a permis à ses auteurs de piller méticuleusement les réseaux informatiques des laboratoires de recherches de Turbomeca », écrit le quotidien.Chargée de l'enquête, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) considérerait cette affaire comme la plus grosse des affaires d'espionnage industriel de 2010. Elle aurait déjà coûté à Safran « plusieurs millions d'euros pour protéger l'entreprise de nouvelles attaques », rapporte une source au sein du groupe aéronautique citée par « Le Monde ».Contacté par « La Tribune », Safran n'a pas souhaité apporter de commentaires à cette révélation. Mais, d'après nos informations, suite à ces attaques informatiques, le groupe présidé par Jean-Paul Herteman a bel et bien demandé en fin d'année dernière à plusieurs filiales de vérifier et renforcer leurs systèmes de contrôle.Les grands moyens s'imposent. Le groupe détenu à 30,2 % par l'État intervient dans des secteurs hautement sensibles : il équipe des appareils militaires. Et, les intrus auraient dérobé de précieuses données technologiques et financières. Parmi elles, figureraient des renseignements sur les systèmes d'hélices mis au point par Turbomeca, leader mondial de la turbine d'hélicoptère. Les cybercriminels se seraient aussi intéressés à la facturation des pièces livrées aux clients de Turbomeca et au coût des programmes en cours.Soupçons sur la ChineL'enquête aurait d'ores et déjà conduit une « dizaine de personnes en garde à vue », selon « Le Monde ». Les éléments recueillis ont permis « d'orienter l'enquête vers la Chine », écrit le journal. Les enquêteurs s'intéresseraient notamment au rôle d'Aviation Industry Corporation of China (Avic). L'avionneur public chinois est le partenaire de Safran pour la fabrication de moteurs d'hélicoptères. Il dément toute implication. Le quotidien rapporte que l'espionnage aurait pu avoir pour objectifs « de combler le retard technologique et s'assurer que Safran ne trichait par sur la refacturation du matériel Turbomeca vendu au chinois ».L'affaire risque de faire grand bruit dans le microcosme de l'aéronautique, notamment lors du prochain Salon international du Bourget, fin juin, où se signent de gros contrats entre avionneurs. J. G. avec F. G.
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