Zapatero à court d'arguments face à la crise

José Luis Rodríguez Zapatero est-il désormais à court d'inspiration face aux difficultés économiques ? Le président du gouvernement socialiste espagnol, en tout cas, a voulu refroidir d'emblée l'expectative générale qui présidait à son intervention devant le Congrès des députés, réuni hier en session extraordinaire pour débattre de la crise. " N'attendez pas une nouvelle batterie de mesures, en approuver de nouvelles tous les jours n'a aucun sens ", a-t-il lancé. S'attirant la réplique sarcastique du leader de l'opposition conservatrice, Mariano Rajoy : " Mais alors, pourquoi comparaissez-vous ici ? "Si mesures il y a, les trois malgré tout annoncées par le leader socialiste sont en effet très ponctuelles. La plus importante : une nouvelle ligne de crédits publics de 3 milliards d'euros pour permettre aux promoteurs de refinancer leur dette si, en échange, ils acceptent de louer les logements construits (le marché de la location est très étroit en Espagne, où 85 % des foyers sont propriétaires de leur logement).DEUX MODELES QUI S'AFFRONTENTPar ailleurs, le gouvernement stimulera fiscalement la création de sociétés cotées d'investissements immobiliers. Enfin, il consacrera 1,1 milliard d'euros à recycler quelque 100.000 chômeurs du secteur de la construction, en leur offrant un programme de formation professionnelle tout en les employant à des tâches d'intérêt collectif au niveau municipal.Le débat d'hier a surtout permis de visualiser les deux modèles qui s'affrontent pour sortir de l'ornière économique. Celui du gouvernement socialiste, d'abord : Zapatero se veut relativement expansif, avec une hausse des dépenses publiques de 3,5 % en 2009 (sans inclure, en outre, l'impact grandissant des stabilisateurs économiques). Ce qui, assure-t-il, permettra de maintenir tant les engagements sociaux (il a promis d'accroître de 6 % en 2009 les pensions de retraite malgré la conjoncture) que les dépenses en infrastructures pour favoriser la relance. Mariano Rajoy, lui, préconise de limiter à 2 % l'augmentation des dépenses publiques, de baisser jusqu'à 20 % l'impôt sur les sociétés pour les PME (les socialistes viennent de le réduire de 30 à 25 %), et d'octroyer des aides plus généreuses aux entreprises.Zapatero a par ailleurs estimé le taux de croissance du PIB à 1,6 % en 2008, et à 1 % en 2009. Mais tandis que le débat se poursuivait à Madrid, à Bruxelles, la Commission, elle, annonçait pour l'Espagne une croissance de 1,4 % en 2008... et l'entrée en récession dès la fin de l'année.La récession pointe son nez en EuropeLa Commission européenne a nettement abaissé hier sa prévision de croissance pour 2008 de la zone euro à 1,3 %, contre 1,7 % envisagé en avril, en raison du " ralentissement économique plus important que prévu ". La récession serait évitée de justesse, Bruxelles tablant sur une stagnation au troisième trimestre après la contraction de 0,2 % au deuxième. L'Allemagne serait, quant à elle, techniquement en récession, puisqu'elle devrait enregistrer un recul de 0,2 % de sa production nationale au troisième trimestre, après une baisse de 0,5 % au deuxième. Sur l'ensemble de l'année, la croissance allemande devrait cependant atteindre 1,8 % en rythme annuel. Pour sa part, la France échapperait à une contraction de son économie, sa production nationale devant stagner au troisième après un repli de 0,3 % au deuxième. Pour l'ensemble de l'année 2008, l'exécutif européen ne table plus que sur 1 % de croissance pour la France.
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