Taxe carbone  :  les entreprises s'inquiètent pour leur compétitivité

C'est la première étape d'une révolution fiscale, appelée à se déployer sur plusieurs décennies. » Nicolas Sarkozy n'a pas hésité, hier, à employer les superlatifs, pour annoncer aux Français la création d'une taxe carbone. « Il y avait une urgence écologique » a ajouté hier soir sur TF1 François Fillon, le Premier ministre. À entendre les proches de Jean-Louis Borloo, le chef de l'État est persuadé de faire entrer la France dans une nouvelle ère. Il veut arriver au sommet de Copenhague sur le climat en chef d'État exemplaire. « Peu importe à ses yeux que le niveau initial de la taxe ? finalement fixé à 17 euros la tonne de carbone, soit la moyenne du prix du marché depuis sa création début 2008 ?, soit plutôt faible », comme le soulignent tous les spécialistes des questions environnementales. « L'important, pour Nicolas Sarkozy, c'est de mettre un pied dans la porte de la fiscalité écologique. » Ce faisant, le chef de l'État affirme tenir ses engagements de campagne, par « honnêtet頻.Mais il se met à dos ainsi une bonne partie du corps social. Les associations d'automobilistes sont furieuses, comme on pouvait l'attendre, à l'idée de voir le prix du gazole augmenter de plus de 5 centimes d'euro par litre (TVA comprise, qui s'applique à la nouvelle taxe). Elles n'ont que faire de la compensation intégrale des 2,65 milliards que coûtera la taxe aux ménages, sous forme de baisse d'impôt sur le revenu ou de chèque vert.« bonneteau fiscal »Pour des raisons opposées, les Verts sont tout aussi mécontents, qui n'ont obtenu aucun gage : le niveau de taxation initial, retenu pour 2010, leur paraît ridiculement faible, aucun engagement précis n'est annoncé pour les années suivantes, et l'électricité, contrairement à ce qu'ils réclamaient, n'est pas concernée par la nouvelle taxe.Entre ces deux extrêmes, le monde de l'entreprise ne cache pas ses inquiétudes, voire son opposition. Les PME se montrent les plus virulentes. « Cette taxe pèsera sur la compétitivité des entreprises », s'insurge la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME). Elle ne croit pas que tous ses membres éviteront d'être perdants, grâce à la disparition de la taxe professionnelle sur les biens d'équipement. D'où la dénonciation d'un « bonneteau fiscal ». « Il n'est pas du tout démontré que la contribution payée par chaque entreprise sera compensée par la suppression à venir de la taxe professionnelle », souligne l'Union professionnelle artisanale (UPA).Quant au Medef, il juge que Nicolas Sarkozy impose aux entreprises « 2 milliards d'euros de prélèvements obligatoires nouveaux, ce qui est contraire aux principes essentiels d'une fiscalité environnementale optimale ». Sa présidente, Laurence Parisot, note diplomatiquement qu'il est « indispensable de tout faire pour qu'aujourd'hui cette orientation ne se traduise pas par un handicap supplémentaire pour les entreprises françaises ». Une crainte partagée par les experts du gouvernement. Ils admettent bien volontiers que les routiers comme les agriculteurs sont soumis à la concurrence internationale, et risquent d'être handicapés. D'où des dispositifs compensatoires à venir. « Mais tout le monde devra payer la taxe », souligne-t-on au sein du gouvernement.
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