Les professionnels de l'immobilier s'insurgent contre Arnaud Montebourg

Il aura suffi de quelques mots pour mettre le feu aux poudres. La déclaration d\'Arnaud Montebourg le week-end dernier, qui a évoqué l\'éventualité d\'accroître la taxation du secteur immobilier pour financer une relance de la compétitivité des entreprises françaises, a provoqué l\'insurrection des professionnels du secteur. Premier à avoir réagi, Jean-François Buet, président élu de la Fédération nationale de l\'immobilier (Fnaim), a demandé \"à être reçu d\'urgence\" avec une délégation de la profession par le ministre du Redressement productif. Pour M.Buet, les propos d\'Arnaud Montebourg constituent \"une erreur, voire une méconnaissance d\'un système déjà surfiscalisé\". Le président de la Fnaim ne comprend pas que l\'on puisse relever des taxes qui in fine seront répercutées sur les ménages \"à un moment où le logement est leur premier budget, où le prêt à taux zéro pour l\'ancien a été suppimé, où la fiscalité sur les plus-values s\'accroît et alors que la taxe foncière et la taxe d\'habitation augmentent plus vite que le coût de la vie\". \"Nous ne voulons pas être pris pour les pigeons de la politique\", ajoute-t-il.Opposé aux vieilles recettes de la TVA La proposition du ministre reste cependant à prendre avec des pincettes puisque, selon des informations de presse, le gouvernement étudierait une hausse de la CSG pour financer partiellement ces crédits d\'allègement de cotisations en cas d\'investissement productif dans les entreprises, qui pourraient avoisiner les 40 milliards d\'euros. Arnaud Montebourg aurait, avec ses propos, plutôt lancé une piste de discussions qu\'annoncé les contours d\'une future loi. Il se disait en tout cas \"assez opposé voire totalement opposé, à ce qu\'on reprenne les vieilles recettes de la TVA\" pour financer la relance de la compétitivité espérée. Ce qui frapperait avant tout \"les ménages\", pourrait \"déstabiliser la consommation, affaiblir l\'économie, y compris la CSG parce que les familles ne peuvent pas y échapper, et donc ce sont une perte de pouvoir d\'achat\", prévient le ministre. Il préfère demander au secteur bancaire de contribuer, \"un secteur abrité, peu concurrentiel, et finalement très profitable qui devrait participer à l\'effort national en finançant les baisses de charges, sur le reste de l\'économie\". Tout en ajoutant qu\'il pensait \"aussi à l\'immobilier\", avant d\'évoquer une troisième piste, celle de la \"fiscalité écologique\", avec une \"taxe carbone extérieure\", qui frapperait les produits importés générant des émissions de CO2.L\'amalgame avec les traders Il l\'a donc dit, il \"pense aussi à l\'immobilier\". Mais sans définir concrètement ce qu\'il souhaiterait taxer. C\'est d\'ailleurs ce que dénonce Marc Gédoux, président du promoteur immobilier Pierre Etoile. Il qualifie ainsi les propos du ministre de \"paroles à l\'emporte-pièce\" et regrette que l\'\"amalgame\" soit faite entre les professionnels de l\'immobilier et \"les traders\". Il rappellent en outre que les deux raisons qui contribuent à maintenir les prix de l\'immobilier à un niveau trop élevé sont, à sons sens, \"la rareté du foncier et les coûts de constructions qui ont explosé de 20%\" ces derniers mois. Relever un impôt qui contribuera à faire de nouveau croître les coûts de construction ne fera qu\'entretenir cette frénésie des prix, selon lui.Le président de la plateforme immobilière Cerenicimo, Benjamin Nicaise, se montre pour sa part encore plus fataliste. \"Le gouvernement peut taxer les entreprises mais ce sera toujours le consommateur qui paiera au final. D\'autant que le prix de vente augmentera toujours davantage que la taxe car les entreprises maintiendront leurs ratios de marge\", indique-t-il. \"Si l\'on va au bout du raisonnement, le gouvernement ferait mieux d\'augmenter la TVA dans l\'immobilier, ce qui affecterait moins le consommateur\".Des secteurs qui font beacoup d\'argent sans trop se fatiguer En plus du fond, c\'est aussi la forme des propos d\'Arnaud Montebourg qui a interloqué ces professionnels. Il a qualifié le secteur de l\'immobilier, tout comme celui de la banque, de \"secteurs abrités de l\'économie, qui font beaucoup d\'argent sans finalement trop se fatiguer\". Des déclarations \"peu convenables de la part d\'un ministre\", regrette Benjamin Nicaise, à un moment \"où les mauvaises nouvelles dans le secteur de l\'immobilier sont quotidiennes\".  
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