L'éditorial de Pierre-Angel Gay

Qu'il faille « changer fondamentalement la culture des bonus », selon l'expression d'Arlene McCarthy, rapporteur de la directive encadrant la rémunération des traders, personne n'en disconvient. Mais l'activisme soudain du Comité européen des contrôleurs bancaires (CEBS), chargé de la mise en oeuvre du texte adopté en juillet par le Parlement de Strasbourg, est lourd de conséquences. Si les règles qu'il préconise sont définitivement adoptées - elles sont soumises à consultation -, les bonus bancaires seront dotés en Europe d'un encadrement sans équivalent dans le monde. Et c'est cela qui inquiète. Par les distorsions de concurrence dont seraient victimes la City mais aussi la place de Paris, comme se sont empressées de le souligner les banques européennes. Par le coup de pouce involontaire, surtout, que ces nouvelles règles donneront aux « hedge funds ». Depuis que les pays occidentaux cherchent à restreindre les bonus, depuis aussi que les États-Unis veulent encadrer le « trading » pour compte propre des banques de Wall Street, nombre de traders se sont repliés sur les fonds spéculatifs. C'est le cas à New York où des établissements comme Credit Suisse, Deutsche Bank et Citigroup ont perdu des équipes entières. C'est le cas à Londres aussi, qui voit en outre certains de ses fonds spéculatifs émigrer vers les cieux moins régulés et moins imposés, de Genève, des îles Anglo-Normandes ou de l'Asie. En moins de neuf mois, le nombre de hedge funds basés en Extrême-Orient a augmenté d'un... dixième ! À vouloir trop en faire, l'Europe favorise l'émergence d'une nouvelle finance « grise ». Elle n'a rien à y gagner. [email protected]
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