Les chômeurs new-yorkais cherchent à s'en sortir avec les moyens du bord

Moquette bleue, peinture rose défraîchie sur les murs, deux petites fenêtres... Bienvenue dans l'une des agences pour l'emploi de Brooklyn. Ici, ni conseillers personnels ni grands panneaux d'offres d'emploi. Uniquement une « ressource room », avec sa trentaine d'ordinateurs, ses imprimantes, téléphones et fax. « Tout le monde peut venir utiliser nos équipements, explique Khalil Rashid, plus de trente ans de service au département du Travail de l'État de New York. Envoyer un fax coûte 1 dollar à New York, personne ne peut se le permettre. »DiscriminationsDes affiches aux murs rappellent, en anglais et en espagnol, que la discrimination à l'embauche est illégale alors que les minorités sont ici surreprésentées. « Beaucoup de ceux qui viennent ne maîtrisent pas bien l'anglais, voire ne le parlent pas du tout », poursuit « Mr. Rashid » entre deux appels à l'aide. « D'autres ne sont pas du tout familiers avec l'informatique et ont besoin qu'on les assistent. » Au mieux, quatre personnes pour cela, seulement deux en ce mercredi d'octobre.Vendredi, les statistiques officielles du marché du travail ont fait état d'un quatrième mois consécutif dans le rouge. Le taux de chômage frôle toujours les 10 % de la population active, sans compter les chômeurs découragés et les travailleurs en temps partiel forcé.Découragés, de nombreux chômeurs cessent de rechercher un emploi. Ici, l'on continue encore, mais les moyens semblent dérisoires. Devant « Mr. Rashid », les têtes défilent. Un Latino-Américain quinquagénaire vient d'appeler en vain tous les numéros d'une liste recensant des entreprises spécialisées dans l'entretien d'immeubles. Alors, on lui imprime une nouvelle liste trouvée sur Google Maps. « Je conseille toujours d'appeler directement les entreprises. Peut-être cherchent-elles à recruter mais n'ont pas encore passé d'annonce », explique Khalil Rashid, avant de conclure, un brin fataliste : « On ne sait jamais. »Loretta, pas encore 30 ans, vient, elle, s'informer sur la durée de ses allocations chômage : 46 semaines. Le temps presse : depuis le 18 janvier, plus rien. Juste quelques petits boulots ou des postes non déclarés. Et à peine plus de 200 dollars par semaine. Selon le département du Travail, 42 % des demandeurs d'emploi américains sont sans activité depuis au moins six mois. Les personnes ayant perdu leur travail entre 2006 et 2008 sont les plus « chanceuses », ayant droit à 99 semaines d'allocations, plafonnées à 405 dollars par semaine. Mais les chômeurs récents ne bénéficient d'une aide financière que pendant 26 semaines, en espérant une hypothétique loi qui allongerait la durée de leur indemnisation.Ici, d'ailleurs, on n'attend plus grand-chose de la classe politique : « Ils ne s'intéressent pas au gens qui souffrent vraiment », note une personne présente dans la « ressource room ». « Plus que de soutien, ils ont besoin de considération. Ma philosophie est de leur faire sentir qu'ils sont quelqu'un, réagit Khalil Rashid. Je leur dis qu'ils font partie d'un club. » Un club qu'ils espèrent tous quitter au plus vite.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.