Un répit pour l'euro : les vendeurs de dollars se ruent sur le yen

Il ne fallait pas être grand clerc pour anticiper qu'un rapport sur l'emploi aux États-Unis morose provoquerait une nouvelle onde de choc sur le dollar, tant la monnaie américaine se retrouve sous les coups de boutoir des spéculateurs depuis début septembre. Loin du consensus des économistes qui prévoyait le retour à des créations de nouveaux postes de travail - même lilliputiennes - de 5.000, l'économie de l'Oncle Sam en a détruit 95.000. Certes, le taux de chômage est resté inchangé à 9,6 % des actifs ; certes, le secteur privé, le plus représentatif de la santé du marché a créé 64.000 emplois ; certes, enfin, l'économie continue d'apurer les « petits boulots » temporaires créés dans le secteur public pour le recensement décennal. Il n'empêche que le marché du travail continue à patiner et que la Réserve fédérale - dont l'une des deux missions consiste à soutenir l'emploi au même titre qu'à prévenir l'inflation - ne pourra pas rester indifférente. Les acteurs des marchés attendent désormais de savoir si elle va passer de la parole à l'acte et annoncer dès l'issue de sa réunion des 2 et 3 novembre l'entrée dans la « QE2 », la deuxième phase d'assouplissement quantitatif qu'elle est tentée de mettre en oeuvre, et pour quel montant. Royal Bank of Scotland chiffre à 825 milliards de dollars les rachats potentiels d'actifs supplémentaires, à raison de 75 à 100 milliards par mois, après les 1.250 milliards de titres hypothécaires et les 300 milliards de titres de dette publique acquis lors de la première vague qui s'est achevée en mars. Si, dans cette perspective, le dollar ne s'est pas écroulé face à l'euro incapable de refranchir le seuil de 1,40 attaqué jeudi dernier, c'est parce que des forces de rappel ont joué. vengeanceD'abord, James Bullard, l'influent président de la Fed de Saint Louis, s'est montré d'autant plus tiède à l'égard de la QE2 qu'il estime que les risques de double plongeon des États-Unis dans la récession ont faibli. Ensuite, Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, a déclaré : « L'euro est trop fort aujourd'hui ; je ne suis pas à l'aise avec un euro à 1,40 dollar ». Une prise de position un peu intimidante pour les opérateurs alors que s'ouvrait la réunion du G7 à Washington. C'était sans compter sur l'autre monnaie vedette du marché des changes, le yen, jusqu'à ce que son parcours soit entravé par l'intervention massive de la Banque du Japon sur le marché des changes le 15 septembre. Bridés sur l'euro, les opérateurs se sont vengés sur la monnaie japonaise, lui faisant franchir vendredi le seuil de 82 pour 1 dollar pour la première fois depuis 1995, pour l'entraîner jusqu'à 81,75.
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