La Belgique accentue sa rigueur pour rassurer

La Belgique enchaîne les records mais pas les bons. Après avoir battu samedi le record d'Europe de la plus longue crise politique, l'écart entre les taux des obligations d'État belges et allemandes a atteint mardi son plus haut niveau historique. Les deux contre-performances sont liées. En juin dernier, lors des élections législatives, le Royaume était 53e sur la liste des pays au plus gros risque lié à la dette, établie par l'analyste de marché CMA. À présent, il pointe à la 16e place, juste derrière le Liban et la Roumanie. Le mois dernier, le FMI a conseillé à la Belgique d'assainir ses finances publiques et l'agence de notation Standard and Poor's a menacé d'abaisser sa note dans les six mois si elle ne se dotait pas d'un gouvernement. L'homme d'affaires belge Albert Frère a prévenu que « les marchés seront impitoyables si le pays ne sort pas dans les meilleurs délais de cet enfer sans précédent ». L'incapacité des partis politiques belges, après 213 jours de négociations, à s'entendre sur une réforme institutionnelle inquiète les marchés financiers. Les autorités belges répètent pourtant à l'envi que les finances publiques du pays se portent bien. « Peut-être que la situation politique pousse les marchés à se pencher sur la cas de la Belgique. Eh bien qu'ils se penchent et ils verront que les fondamentaux sont bons », explique à « La Tribune » le secrétaire d'État belge au Budget, Melchior Wathelet. « Mesurettes » en perspectiveLes Belges affichent en effet un autre record : ils épargnent plus que tous les autres Européens. Ce comportement stabilise l'économie du Royaume en dépit de l'importance de la dette, qui avoisine les 100% du PIB. Le déficit public est meilleur qu'attendu, avec 4,6 %, et c'est même l'un des plus faibles de la zone euro. Il faut cependant rassurer les marchés. Le gouvernement en affaires courantes ne peut théoriquement pas confectionner un budget, néanmoins le Roi Albert II a chargé le Premier ministre Yves Leterme d'en préparer un pour 2011, avec un solde « meilleur que celui convenu avec les autorités européennes ». Un conseil des ministres restreint se réunit ce mercredi pour plancher sur les mesures que la Constitution leur permet de prendre. Sans budget d'« austérité », impossible à décider en affaires courantes, il faut s'attendre à des « mesurettes » pour un déficit inférieur à 4,1% en 2011.Yann-Antony Noghès, à Bruxelles.
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