Ministres

Le 28 novembre, Nicolas Sarkozy avait promis une bataille « nationale ». Le chef de l'État entendait s'engager lui-même dans la campagne des régionales. Mais, depuis, en raison de l'impopularité persistante du président, François Fillon, qui n'est pourtant pas candidat dans sa chère région des Pays de la Loire qu'il a présidé jusqu'en 2004, a été intronisé chef de guerre. Les candidats UMP s'arrachent désormais sa présence sur le terrain pour booster leur campagne qui patine.Le Premier ministre entend faire du bilan de son gouvernement un argument face à une gauche qui détient 24 régions sur 26 depuis 2004 et espère faire le grand chelem. Sur les 38 membres du gouvernement, 20 se sont lancés dans la bataille et 8 d'entre eux briguent une présidence de région. Ils ont tout à gagner puisqu'ils sont tous challenger face à des sortants PS. Mais ils ont beaucoup à perdre puisque leur échec rejaillirait sur Nicolas Sarkozy, François Fillon et la majorité. S'ils mordent la poussière, ils devraient pouvoir se maintenir au gouvernement, et même obtenir une promotion pour certains en récompense de leur engagement dans la bataille électorale. À moins que l'échec de l'UMP soit si cuisant que le président ne doive donner un grand coup de balais pour relancer la fin de son quinquennat.Les exposésValérie Pécresse en Île-de-France et Dominique Bussereau en Poitou-Charentes sont incontestablement les plus exposés médiatiquement dans ce scrutin. La ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur tente de reconquérir la région Île-de-France, perdue en 1998 par le RPR mené par Édouard Balladur au profit du baron socialiste Jean-Paul Huchon. Elle est épaulée dans cette bataille par trois autres femmes ministres disposant d'une bonne image dans l'opinion : Rama Yade, Chantal Jouanno et Nathalie Kosciusko-Morizet. Créditée par les sondages de 32 % au premier tour, Pécresse sait pourtant qu'il sera bien difficile de compter sur des réserves de voix à droite au second. En dépit des divisions entre Huchon et ses alliés écologistes, la gauche devrait logiquement conserver la région capitale.Pour Dominique Bussereau, le secrétaire d'État aux Transports, la mission semble également tenir de l'impossible. Repliée sur ses terres de Poitou-Charentes, Ségolène Royal bataille ferme sur place pour conserver une région acquise de haute lutte à l'UMP en 2004. Elle ambitionne aujourd'hui d'obtenir le meilleur score des candidats de gauche afin de revenir dans le jeu pour la primaire socialiste de 2011. À défaut de victoire, le secrétaire d'État aux Transports, qui bénéficie du soutien actif de son ami Jean-Pierre Raffarin, espère faire trébucher l'ex-candidate à la présidentielle de 2007.Les kamikazesLes choses ne se présentent guère mieux pour Xavier Darcos. Le ministre du Travail affronte le tout puissant président PS de la région Aquitaine, Alain Rousset. Battu aux municipales à Périgueux en 2008, Xavier Darcos ne peut compter, comme Valérie Pécresse, que sur les bisbilles entre socialistes et écologistes pour tenter de faire basculer le sort des urnes. On peut toujours rêver. En 2004, le PS s'était imposé, à l'occasion d'une triangulaire, par 54,8 % des voix, contre 33,4 % pour l'UMP déjà mené par Darcos...En Auvergne, Alain Marleix, spécialiste de la carte électorale à l'UMP, a pris malgré lui le relais de Brice Hortefeux. Candidat naturel, le ministre de l'Intérieur pouvait difficilement quitter la place Beauvau pour faire campagne. Il a donc choisi d'être simplement candidat dans le Puy-de-Dôme. Mais le secrétaire d'État aux Collectivités territoriales se retrouve du coup en première ligne pour défendre des réformes locales qui font grincer des dents, et pas seulement à gauche.Peu d'espoir également pour la centriste Valérie Létard, la très discrète secrétaire d'État aux Technologies vertes, dans le Nord-Pas-de-Calais. La gauche est là chez elle, et la présence de Marine Le Pen, vice-présidente du Front national et implantée localement, assèche les réservoirs de voix de l'UMP.Les espoirsEn revanche, trois ministres espèrent créer la surprise au soir du 21 mars. À commencer par Hervé Novelli, qui porte les couleurs de l'UMP dans le Centre. Le secrétaire d'État au Commerce et aux PME, qui affronte le président PS sortant François Bonneau, dont la notoriété est proche de zéro, y fait « une très bonne campagne », aux dires des responsables UMP parisiens. Mardi, Nicolas Sarkozy est opportunément venu lui apporter son soutien à l'occasion d'un déplacement consacré à la ruralité.Même vent d'optimisme en Franche-Comté, où Alain Joyandet, le secrétaire d'État à la Coopération, par ailleurs maire de Vesoul, mise sur les divisions PS-Verts et un essoufflement du FN. En Haute-Normandie enfin, le ministre de l'Agriculture, l'ex-villepiniste Bruno Le Maire, est épaulé par son collègue de la Défense, Hervé Morin, également candidat en position éligible. Celui-ci va ratisser les voix centristes. Là aussi, le score du FN (près de 15 % en 2004) sera crucial pour l'UMP.Les figurantsOutre le trio féminin d'Île-de-France, Jouanno, Yade, Kosciusko-Morizet, d'autres ministres sont en position éligible : Nora Berra, la secrétaire d'État aux Aînés, en Rhône-Alpes, Benoist Apparu, en charge du logement, en Champagne-Ardenne, Henri de Raincourt, ministre des Relations avec le Parlement, en Bourgogne, Hubert Falco, secrétaire d'État à la Défense, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, ou encore Nadine Morano, secrétaire d'État à la Famille, en Lorraine. Marie-Luce Penchard, chargée de l'outre-mer, est numéro deux en Guadeloupe. Mais sa présence ne fait pas l'unanimité au sein de l'UMP local...Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale et porte-parole du gouvernement, fait figure d'exception. « Chouchou » de Nicolas Sarkozy, il fait partie du cercle des « premiers ministrables ». Pas question de le voir en difficulté. Il est donc en simple mission en Haute-Marne, à une place non éligible.Hélène Fontanaud et Patrick CoquidéPlus de la moitié du gouvernement Fillon se présente aux régionales. Huit ministres briguent une présidence de région détenue par le PS. Pour beaucoup, c'est l'échec assuré. Mais deux voire trois pourraient créer la surprise.
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